Reportage Émeutes au Royaume-Uni : "Les réfugiés sont les bienvenus"... à Liverpool, des habitants manifestent pour dire non au racisme

Après l'attaque au couteau de Southport il y a un peu plus d'une semaine, des manifestations racistes et violentes ont éclaté au Royaume-Uni. En réponse, des habitants se sont mobilisés, notamment à Liverpool, pour dénoncer le fascisme.
Article rédigé par franceinfo, Marion Ferrère
Radio France
Publié Mis à jour
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Manifestation contre le racisme à Liverpool, au Royaume-Uni, le 7 août 2024. (FRANCEINFO / MARION FERRERE)

Des milliers de personnes se sont rassemblées, mercredi 7 août, dans la soirée, dans plusieurs villes du Royaume-Uni pour dire "non au fascisme" et à la haine envers les migrants. Ces manifestations font suite aux émeutes qui émaillent le pays depuis la mort de trois fillettes, dans une attaque au couteau, le 29 juillet à Southport. Tuées par un homme, présenté sur les réseaux sociaux et l’ultradroite, comme demandeur d’asile et musulman. Ces faits ont depuis été démentis par les autorités.

Quelque 6 000 policiers spécialisés contre les "débordements" ont été déployés dans le pays par le gouvernement travailliste de Keir Starmer, par crainte de nouvelles violences. Le Premier ministre vit sa première crise politique, un mois seulement après les élections législatives. Le gouvernement veut faire preuve d’autorité. Plus de 500 places de prison ont été libérées pour faire face aux comparutions immédiates des émeutiers interpellés ces derniers jours. Plus de 100 ont déjà été inculpés. 

Les manifestations du mercredi 7 août se sont déroulées dans le calme, notamment à Liverpool, où plus de 1 000 personnes étaient présentes pour défendre un centre de réfugiés ciblé par l’ultradroite

Un important dispositif policier

"Les réfugiés sont les bienvenus", c'est l'un des slogans scandés par les manifestants, pendant plusieurs heures, devant ce centre d’accueil pour réfugiés barricadé par précaution. Des planches en bois ont été clouées aux fenêtres et aux portes. Les manifestants étaient sous haute surveillance policière : deux hélicoptères, des drones, la garde montée et une dizaine de camions de forces de l'ordre. 

Cette manifestation s’est déroulée dans le calme et c'est une fierté pour Elizabeth, habitante de Liverpool : "C'est important que beaucoup de monde soit là, dans la rue, pour montrer que nous sommes en colère."

"Nous voulons dire que le fascisme n'est pas le bienvenu dans notre ville."

Elizabeth

une habitante de Liverpool

Après une semaine d'attaque contre la communauté musulmane, c'est un devoir pour Meghan d'être présente. "Nous avons des collègues, des proches qui sont effrayés de sortir de chez eux, confie-t-elle. Ils n'osent pas sortir dans la rue. Je pense qu'en tant que personne blanche, c'est un privilège de condamner cela."

Abderrahmane, lui, est venu avec plusieurs amis. "Les gens ne se sentent plus en sécurité dans leur propre communauté, dans leur propre quartier, assure-t-il. Et nous voulons montrer qu'on ne peut pas accepter ça plus longtemps."

Adam Kelwick, l’imam de Liverpool aux côtés du père Peter Morgan, responsable de la paroisse de St Anne, le 7 août 2024. (FRANCEINFO / MARION FERRERE)

Dans la foule, il y avait aussi des responsables religieux, très mobilisés ces derniers jours pour apaiser le quartier. Adam Kelwick, l’imam de Liverpool était aux côtés du père Peter Morgan, responsable de la paroisse de St Anne, voisine du centre de réfugiés. "Nous sommes heureux de voir les gens répondre en étant ensemble, qu'importe leur religion, leur âge. Ça, c'est une victoire et nous sommes plus forts, unis contre eux", estime Peter Morgan. 

Au-delà de cette unité, il y a aussi de la colère envers les émeutiers, les réseaux sociaux. Beaucoup de manifestants portaient un masque, se couvrant le visage pour ne pas être la cible, selon eux, de harcèlement sur internet. Cette colère est aussi dirigée vers l'extrême droite. Son leader, Nigel Farage cristallise les critiques. Pour beaucoup, il est responsable d’attiser la haine, comme l'affirme Teddy, habitant de Liverpool : "C'est un agitateur. Il cause plus de problèmes qu'il n'apporte de réponses. C'est mon point de vue". L’ultra droite est accusée de récupération politique par la population et de ne pas respecter pas le deuil des trois familles touchées par le drame de Southport. 

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