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Où en est l'enquête sur l'attentat de Manchester ?

Les enquêteurs tentent de trouver d'éventuels complices du kamikaze, identifié comme étant Salman Abedi, un homme de 22 ans né à Manchester. 

Article rédigé par franceinfo
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Des policiers enquêtent dans Elsmore Road, à Manchester (Royaume-Uni), où vivait Salman Abedi, le 24 mai 2017.  (BEHLUL CETINKAYA / ANADOLU AGENCY / AFP)

"Je pense qu'il est très clair que nous enquêtons sur un réseau." Mercredi 24 mai, le chef de la police de Manchester, Ian Hopkins, a donné quelques précisions sur l'avancée de l'enquête sur l'attentat qui a fait au moins 22 morts et une soixantaine de blessés lundi soir. 

Après avoir identifié le kamikaze comme étant Salman Abedi, un jeune homme de 22 ans né à Manchester de parents libyens, le policier a assuré que les enquêteurs avançaient "très vite". Voici ce que l'on sait des investigations en cours. 

Huit arrestations au Royaume-Uni, deux en Libye

Mardi, la police a arrêté un premier homme en lien avec le kamikaze de Manchester. Le lendemain, la presse britannique, dont The Times, a assuré qu'il s'agissait d'Ismael Abedi, le plus jeune frère de Salman Abedi, né en 1997 à Manchester. Selon le quotidien, il a été interpellé dans la rue, dans le quartier de Chorlton, dans le sud de la ville. 

Mercredi, la police a effectué six nouvelles arrestations : d'abord trois hommes puis une femme à Manchester ; un autre homme à Wigan, dans la même région, qui transportait un colis, actuellement en cours d'examen selon la police ; et enfin un dernier homme à Nuneaton, non loin de Birmingham. Jeudi, la police a libéré sans inculpation la femme arrêtée et procédé à deux autres interpellations. Au total, huit personnes sont en garde à vue dans cette enquête.

Par ailleurs, les services libyens de contre-terrorisme ont annoncé mercredi que le frère cadet de Salman Abedi avait été arrêté à Tripoli. Hachem Abedi est soupçonné d'être lié à l'organisation Etat islamique – qui a revendiqué l'attentat –, selon un porte-parole libyen.  

Des soupçons de liens avec l'EI

Le frère de Salman Abedi a admis après son arrestation avoir été au courant de la préparation de l'attaque et être membre de l'organisation Etat islamique, selon une unité des services de sécurité libyens. Hachem Abedi "a indiqué qu'il appartenait à l'EI avec son frère Salman Abedi (...) et a reconnu qu'il était présent en Grande-Bretagne durant la période de préparation de l'attentat", affirme sur sa page Facebook la Force de dissuasion, qui fait office de police loyale au gouvernement d'union nationale (GNA).

Selon The Independent, qui cite une source proche de la famille, Salman Abedi avait effectué plusieurs voyages en Libye, où s'étaient réinstallés ses parents. Un ancien camarade de classe cité par The Times (article abonnés) indique que Salman Abedi, qui avait abandonné ses études, revenait de Libye : "Il était parti il y a trois semaines et était revenu récemment, il y a quelques jours", a déclaré cette source. Par ailleurs,  le journal sous-entend que le jeune homme a pu se radicaliser auprès de Raphael Hostey, un jeune Mancunien devenu recruteur pour l'Etat islamique et mort en Syrie. 

Déclarant sur BFMTV/RMC ne savoir "que ce que les enquêteurs britanniques nous ont appris", le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a décrit quelqu'un "qui, tout d'un coup, après un voyage en Libye puis sans doute en Syrie, se radicalise et décide de commettre cet attentat". Cependant, les autorités britanniques n'ont pas confirmé que le terroriste avait séjourné en Syrie. 

Toutefois, Salman Abedi était connu des services de renseignement avant son passage à l'acte, a affirmé la ministre britannique de l'Intérieur, Amber Rudd, dans une interview à la BBC. 

Une bombe jugée sophistiquée 

Une source proche de l'enquête a précisé à l'agence Reuters que l'accent était mis sur l'aide dont pourrait avoir bénéficié Salman Abedi pour confectionner sa bombe et sur l'identification du lieu où elle a été assemblée. Car, d'après la BBC, les services de sécurité estiment que la bombe était trop sophistiquée pour que le kamikaze ait pu la fabriquer seul.

D'après des informations recueillies par The New York Times, qui cite les autorités britanniques, "il semblerait que le kamikaze portait un explosif puissant dans un étui en métal léger caché dans une veste noire ou un sac à dos bleu et qu'il tenait un petit détonateur dans la main gauche". Les photos des restes de la bombe, collectés sur les lieux du drame, laissent penser que l'engin est artisanal et réalisé avec application. Ces images indiquent notamment que l'explosion a été assez puissante pour projeter les vis et les boulons à travers des portes en métal, laissant de profondes marques dans les murs en briques. 

Selon la presse britannique, les images de vidéosurveillance montrent le kamikaze déposer une valise au sol quelques instants avant l'explosion.

De nombreuses perquisitions

Dès mardi, la police a mené des perquisitions au domicile de Salman Abedi, sur Elsmore Road, dans le quartier de Fallowfield, dans le sud de Manchester, ouvrant la porte grâce à une "explosion maîtrisée", lors d'une opération mobilisant plusieurs dizaines de policiers lourdement armés. Mercredi, la police scientifique était toujours sur place, a notamment rapporté le Manchester Evening News

A la mi-journée, une autre perquisition a eu lieu dans le centre-ville, près de Sackville Street, dans un appartement qui, selon des voisins, était loué à des particuliers via des sites tels que Airbnb. Après l'évacuation du bâtiment, les autorités ont temporairement fermé une voie de chemin de fer, bouclant une partie du quartier.

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