La campagne du référendum sur l’UE au Royaume Uni: Cameron est bien seul...
En février 2016, David Cameron avait déjà connu un premier revers avec la prise de position du très populaire et très bouillonnant maire conservateur de Londres, Boris Johnson : très eurosceptique, ce dernier avait fait bruyamment savoir qu’il voterait «No». Et ce au moment où le chef du gouvernement revenait de Bruxelles après avoir arraché des concessions à ses partenaires pour maintenir le royaume dans l’Union… Une manière pour «Boris» de se positionner dans la course à la succession du chef de gouvernement, lequel a d’ores et déjà annoncé qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en 2020. Mais le premier magistrat de la capitale d’Albion espère peut-être lui ravir sa place en cas de victoire du «Non»…
Nouveau coup dur pour Cameron le 18 mars 2016. Ce jour-là, le ministre du Travail et des Retraites, Iain Duncan Smith (alias IDS), annonce sa démission. Officiellement, par son geste, il entend protester contre les 4,4 milliards (5,57 milliards d’euros) de coupes budgétaires dans les allocations sociales, notamment celles destinées aux handicapés. A ses yeux, cette politique part dans une direction qui «divise la société au lieu de l’unir». Accessoirement, IDS est lui aussi partisan du Brexit, la sortie du pays de l’Union européenne…
Vous avez dit «austérité»?
La démission a eu pour conséquence immédiate de relancer le débat sur l’austérité. David Cameron s’est senti obligé de réaffirmer qu’il était un «conservateur compassionnel». Et le 21 mars, il a été contraint de retirer la mesure critiquée par son ancien ministre.
Pour autant, d’une manière générale, le propos offensif de Iain Duncan Smith «peine à convaincre», commente Le Monde. Car «jusqu’à présent», il «n’avait rien trouvé à redire aux coupes budgétaires dans les budgets sociaux»…
Sur le fond, avec son geste, IDS entend mettre en difficulté David Cameron, qui s’est prononcé pour le maintien du Royaume Uni au sein de l’UE, et le camp du «Yes». Histoire de dire que l’austérité budgétaire, c’est l’Europe.
Last but not least, Iain Duncan Smith en profite au passage pour savonner la planche au chancelier à l’Echiquier (équivalent du ministre des Finances), George Osborne, lui aussi partisan du «Oui» et principal chef d’orchestre de la politique d’austérité. Proche allié de David Cameron, George Osborne aimerait bien, lui aussi, devenir calife à la place du calife…
Dans l’état actuel des choses, il est considéré comme le favori dans la course à la succession pour le «10» (le 10 Downing Street, le Matignon britannique). «Pour Cameron, il est important qu’Osborne soit perçu comme crédible», commente l’éditorialiste du Guardian, Larry Elliott. «Si le chancelier (de l’Echiquier) n’est pas considéré comme crédible sur la réduction du déficit ou l’économie, il risque de ne pas être vu non plus comme crédible sur les dangers de quitter l’UE», ajoute-t-il.
Dernier avatar de la campagne : la déclaration de la ministre d’Etat pour les Forces armées, Penny Mordaunt, le 23 mars. Selon lui, mettre en œuvre le Brexit rendra le Royaume Uni plus sûr. Comme membre de l’UE, le pays serait incapable de «partager les renseignements dont nous avons besoin pour garantir notre sécurité», a déclaré Penny Mordaunt, surfant sur l’horreur qui s’est exprimé dans toute l’Europe après les attentats de Bruxelles.
«Ridicule», a alors rétorqué le secrétaire à la Défense, Michael Fallon, son supérieur hiérarchique.
Au passage, avait expliqué Penny Mordaunt, qui parlait lors d’un meeting de militants LGBT favorables au «Out», la «liberté» dont jouissent les homosexuels serait «en jeu» en raison du référendum. La politique a parfois ses raisons que la raison ne connaît point…
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