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Royaume-Uni : après la démission de Boris Johnson de la direction du parti conservateur, comment sera désigné le prochain Premier ministre ?

Le chef des Tories, mis en cause dans une série de scandales, a été poussé vers la sortie par les membres de son parti. Mais il devrait rester au pouvoir jusqu'à la désignation de son successeur.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, prononce un discours à Londres, le 7 juillet 2022. (DANIEL LEAL / AFP)

"Le Premier ministre a pris la bonne décision." La cheffe de la diplomatie britannique, Liz Truss, a appelé "au calme et à l'unité" après la démission de Boris Johnson de la direction du parti conservateur, jeudi 7 juillet. Cette décision ouvre la voie à la nomination d'un nouveau chef du gouvernement au Royaume-Uni. Franceinfo décrypte ce processus, qui devrait prendre plusieurs semaines.

Boris Johnson va bientôt quitter Downing Street

Il s'est trouvé acculé. Une cinquantaine de membres du gouvernement britannique ont annoncé leur démission, entre mardi soir et jeudi matin, lassés de voir Boris Johnson éclaboussé par des scandales à répétition"Nous devons demander que, pour le bien du parti et du pays, vous vous retiriez", ont écrit cinq d'entre eux au Premier ministre, mercredi.

Après 48 heures de résistance, le chef des Tories a fini par céder à la pression de ses collègues. "C'est clairement la volonté du parti conservateur qu'il y ait un nouveau leader et donc un nouveau Premier ministre", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse devant Downing Street. Au Royaume-Uni, le leader du parti qui a la majorité à la chambre des Communes est en effet nommé chef du gouvernement par la reine, rappelle la BBC*.

Comme il ne peut pas y avoir de vacance du pouvoir, Boris Johnson a annoncé qu'il resterait à Downing Street jusqu'à ce qu'un nouveau patron des Tories soit élu. Ce cas de figure s'était déjà produit en 2019, lorsque Theresa May avait été remplacée à la tête du parti (et du pays). "Le processus pour désigner ce nouveau leader va démarrer dès maintenant et le calendrier sera annoncé la semaine prochaine", a précisé Boris Johnson. Entre temps, le conservateur a nommé un nouveau cabinet chargé d'assurer les affaires courantes.

Le nom de son successeur sera connu dans plusieurs semaines

Après la démission de Boris Johnson, les Tories vont donc devoir élire un nouveau leader. Pour se présenter, un député doit avoir le soutien d'au moins huit de ses collègues, explique le Guardian*. S'ils sont plus de deux, les candidats sont d'abord départagés par une série de votes des élus conservateurs, à bulletin secret. Une personne est éliminée à l'issue de chaque tour, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que deux. Les derniers candidats en lice sont ensuite soumis au vote des adhérents du parti.

Ce processus devrait s'étaler sur plusieurs semaines : en 2019, il avait fallu un mois et demi pour que Boris Johnson soit désigné successeur de Theresa May, rappelle le Guardian. Selon le quotidien, le conservateur espère d'ailleurs rester en poste jusqu'à l'automne.

Une motion de censure pourrait précipiter son départ

Le départ de Boris Johnson pourrait-il intervenir plus vite que prévu ? C'est en tout cas ce que souhaite une partie de la classe politique britannique. "Il est inconcevable que [Boris] Johnson reste au pouvoir (...). Il doit partir", a jugé jeudi un député tory, cité par le Guardian*. Selon le quotidien britannique, plusieurs autres membres du parti ont appelé le Premier ministre à quitter immédiatement ses fonctions, pour céder la place à un chef du gouvernement par intérim.

Le nom du vice-Premier ministre, Dominic Raab, est notamment avancé par plusieurs cadres des Tories. Le conservateur avait déjà dirigé par intérim durant quelques semaines, au printemps 2020, lorsque Boris Johnson avait été hospitalisé après avoir été touché par le Covid-19.

À ce stade, rien ne force ce dernier à quitter ses fonctions immédiatement. Le leader de l'opposition, Keir Starmer, a toutefois menacé de mettre une motion de censure au vote si Boris Johnson ne partait pas rapidement, rapporte la BBC*. Le chef des Tories avait déjà échappé de peu à un vote de défiance au sein de son parti, début juin, lorsque 40% des députés conservateurs avaient refusé de lui renouveler leur confiance.

En cas de motion de censure, tous les députés britanniques seront cette fois appelés à s'exprimer. Il faudrait toutefois que plusieurs Tories votent avec le Labour pour que le texte soit adopté. Si la motion de censure était approuvée, le parti conservateur aurait 14 jours pour former un nouvel exécutif, précise la BBC. En cas d'échec, de nouvelles élections générales seraient organisées.

* Les liens marqués par des astérisques renvoient vers des contenus en anglais.

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