Mort d'Alexeï Navalny : "La marge de manœuvre" des opposants au Kremlin "est très limitée", estime une spécialiste de la Russie

Avec la disparition d'Alexeï Navalny, la Russie a perdu son principal opposant à Vladimir Poutine : les dissidents les plus connus en Russie et à l'étranger sont aujourd'hui sous les verrous ou en exil. Clémentine Fauconnier, spécialiste de la Russie, fait le point sur la situation.
Article rédigé par Thomas Giraudeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1min
Un manifestant tenant une photo d'Alexeï Navalny devant l'ambassade russe à Berlin, le 18 février 2024. (ODD ANDERSEN / AFP)

Après la mort de Alexeï Navalny, considéré comme l'opposant numéro 1 de Vladimir Poutine, qui peut incarner l'espoir d'une alternative au président russe ? Aucune autre personnalité n'arrive à émerger et à faire de l'ombre au président russe.

Car Alexeï Navalny cumulait des qualités que les autres opposants au Kremlin n'ont pas, estime Clémentine Fauconnier, maîtresse de conférences à l'université de Haute Alsace, et spécialiste de la Russie. "Personne n'est l'équivalent de la figure de Navalny aujourd'hui. Un très grand charisme, indéniablement un style mordant", souligne-t-elle.

"Un parcours et des résultats politiques exceptionnels dans le paysage russe. En 2013, lors des élections à la mairie de Moscou, il a obtenu 27% des voix. C'est exceptionnel."

Clémentine Fauconnier, maîtresse de conférences à l'université de Haute Alsace

à franceinfo

Aucun opposant ne peut actuellement espérer un tel score. Comment exister, se faire connaître de l'opinion publique russe quand les médias sont quasi inaccessibles ? Quand critiquer la guerre en Ukraine ou l'armée, c'est prendre le risque de l'emprisonnement ? Les rares dissidents qui ont osé se dresser contre Vladimir Poutine sont en exil ou en prison, comme l'historien Vladimir Kara-Mourza, ou l'ex-député Ilia Iachine.

"Leur marge de manœuvre est très limitée parce qu'il y a des contraintes imposées pour la participation politique qui sont extrêmement fortes. Ce n'était pas comme ça quand Navalny a commencé à émerger. En gros, le Kremlin décide qui peut ou pas participer aux élections. Et en plus l'expression est extrêmement contrainte, y compris sur Internet, ce qui n'était pas le cas il y a une dizaine d'années", explique Clémentine Fauconnier.

Le Kremlin empêche les voix dissidentes, critiques de se présenter. Deux candidats à la présidentielle du mois prochain ont déjà été écartés, et les trois restants face à Vladimir Poutine ne s'opposent pas ouvertement au pouvoir russe. 

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