Mort d'Alexeï Navalny : "La marge de manœuvre" des opposants au Kremlin "est très limitée", estime une spécialiste de la Russie
Après la mort de Alexeï Navalny, considéré comme l'opposant numéro 1 de Vladimir Poutine, qui peut incarner l'espoir d'une alternative au président russe ? Aucune autre personnalité n'arrive à émerger et à faire de l'ombre au président russe.
Car Alexeï Navalny cumulait des qualités que les autres opposants au Kremlin n'ont pas, estime Clémentine Fauconnier, maîtresse de conférences à l'université de Haute Alsace, et spécialiste de la Russie. "Personne n'est l'équivalent de la figure de Navalny aujourd'hui. Un très grand charisme, indéniablement un style mordant", souligne-t-elle.
"Un parcours et des résultats politiques exceptionnels dans le paysage russe. En 2013, lors des élections à la mairie de Moscou, il a obtenu 27% des voix. C'est exceptionnel."
Clémentine Fauconnier, maîtresse de conférences à l'université de Haute Alsaceà franceinfo
Aucun opposant ne peut actuellement espérer un tel score. Comment exister, se faire connaître de l'opinion publique russe quand les médias sont quasi inaccessibles ? Quand critiquer la guerre en Ukraine ou l'armée, c'est prendre le risque de l'emprisonnement ? Les rares dissidents qui ont osé se dresser contre Vladimir Poutine sont en exil ou en prison, comme l'historien Vladimir Kara-Mourza, ou l'ex-député Ilia Iachine.
"Leur marge de manœuvre est très limitée parce qu'il y a des contraintes imposées pour la participation politique qui sont extrêmement fortes. Ce n'était pas comme ça quand Navalny a commencé à émerger. En gros, le Kremlin décide qui peut ou pas participer aux élections. Et en plus l'expression est extrêmement contrainte, y compris sur Internet, ce qui n'était pas le cas il y a une dizaine d'années", explique Clémentine Fauconnier.
Le Kremlin empêche les voix dissidentes, critiques de se présenter. Deux candidats à la présidentielle du mois prochain ont déjà été écartés, et les trois restants face à Vladimir Poutine ne s'opposent pas ouvertement au pouvoir russe.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.