Rébellion de Wagner : les télévisions russes reprennent en boucle la version de Vladimir Poutine
En Russie, Vladimir Poutine reprend la main, ou au moins tente de le faire. Toute la journée de mardi 27 juin le président russe s'est efforcé d'apparaître comme ayant la maîtrise des événements, devant les militaires, les forces de l'ordre, les journalistes, les chefs de parti qu'il a rencontrés, le plus souvent devant les caméras de télévision qui ont fidèlement suivi chacun de ses gestes.
Dès mardi matin Pervy Kanal, la première chaîne, donnait le ton : "L'esprit patriotique de nos concitoyens et la cohésion de la société ont joué un rôle décisif pour surmonter l'épreuve la plus difficile pour notre pays", dit un journaliste. L'insurrection de samedi était en réalité une victoire du pouvoir et du peuple russe, selon la chaîne. "Nos adversaires qui se frottent les mains en s'attendant à un tout autre résultat l'ont compris."
Toute la matinée, les chaînes ont repris en boucle le discours de Vladimir Poutine de la veille, jusqu'à la cérémonie du Kremlin qu'il va présider où le message devient : "Les personnes entraînées dans l'insurrection ont vu que l'armée, le peuple, n'était pas avec eux".
Prigojine n'est presque jamais mentionné
En clair, l'aventure d'Evguéni Prigojine n'a eu aucune conséquence. D'ailleurs, le nom de Prigojine n'est prononcé dans aucun journal télévisé, comme avant la journée de samedi. Il n'y a que dans les talk- shows qui commentent l'actualité que l'on cite le patron de Wagner, comme le fait Olga Skabeïeva, animatrice de l'émission "60 minutes" sur la chaîne Rossiya 1. "Cette rébellion armée perfide a commencé sous les auspices d'une quête de justice, de patriotisme et de bonnes intentions. C'est ce que disait Prigojine, commente-t-elle. Apparemment, les bonnes intentions comprenaient la destruction de plusieurs hélicoptères et d'un avion tuant des pilotes de haut niveau en temps de guerre".
Pendant ce temps sur Pervy Kanal, on désigne les responsables de l'insurrection de samedi et ce n'est pas Prigojine, explique devant les caméras le chef de la garde nationale, Viktor Zolotov. "Cette rébellion a été fomentée par les agences de renseignement occidentales, affirme-t-il. Elles étaient au courant, comme elles l'ont dit des semaines avant qu'elles ne commencent."
Et les téléspectateurs russes n'auront pas droit à cette phrase du président biélorusse, Alexandre Loukachenko qui, pendant ce temps, raconte à Minsk comment il a géré le cas Prigojine avec Vladimir Poutine. "J'ai dit à Poutine: on peut le buter, ce n'est pas un problème. Mais ne le faites pas."
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