Cet article date de plus d'un an.

Guerre en Ukraine : la rébellion de Wagner a révélé une "atomisation des forces russes", estime un spécialiste de l'armée russe

La tentative de rébellion avortée du groupe Wagner samedi met à jour une absence d'unité complète au sein de l'armée russe.
Article rédigé par franceinfo, Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les membres du groupe Wagner à Rostov-sur-le-Don, le 24 juin 2023. (STRINGER / AFP)

Si l'équipée du groupe Wagner en Russie samedi, s'est conclue par un repli, elle a tout de même mis en lumière une certaine déliquescence des forces armées de Moscou, qui n'ont pas vraiment été en mesure de s'opposer aux combattants de Wagner. C'est ce qu'il y a de plus frappant dans l'épisode de samedi dernier. Les combattants du groupe Wagner, armés de pied en cap et visiblement prêts à en découdre : au moins un avion de commandement et jusqu'à six hélicoptères militaires russes abattus par ces hommes.

>> Rébellion de Wagner : pourquoi les chefs de guerre russes Sergueï Choïgou et Valeriy Guerassimov sont dans le viseur d'Evguéni Prigojine

Ils ont réussi en quelques heures à prendre Rostov-sur-le Don, où siège le commandement sud de l'armée russe, à progresser en arme sur près de 800 km en direction de Moscou, sans être vraiment ni empêchés ni interceptés. La Rosgvardia, sorte de garde prétorienne du régime de Poutine, créée justement pour contrer d'éventuels putschs armés dans le pays, a été totalement inexistante.

"Atomisation"

Il faut dire que l'armée russe dans son ensemble a subi de telles pertes en Ukraine depuis un an et demi, avec une estimation autour de 200 000 hommes morts ou blessés. En clair : elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. 

"Concrètement l'État russe est obligé de mobiliser tous les moyens et toutes les ressources qu'il peut avoir dans le pays même", remarque Vincent Tourret, spécialiste de l'armée russe et chercheur associé à la fondation pour la recherche stratégique. "Comme son budget n'est plus suffisant pour alimenter les troupes russes, il a commencé à régionaliser le financement", poursuit le chercheur. Avec "tous les bataillons de territoriaux levés dans telle région, les groupes privés sur tel financement par tel oligarque, vous arrivez à une atomisation de la force russe".

"L'armée régulière reste la première parmi d'autres forces militaires en Russie, mais elle n'arrive plus à subordonner ou du moins on remet en cause la subordination qu'elle avait sur toutes ces forces-là." 

Vincent Tourret, spécialiste de l'armée russe

à franceinfo


Wagner participait de cette atomisation des forces armées de Moscou, mais c'était l'une des forces les plus aguerries, les plus expérimentées qui risque, aujourd'hui, de cruellement manquer sur le terrain. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.