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Reportage Loi réprimant la propagande LGBT en Russie : une première maison d’édition poursuivie

Popcorn Books, une maison d’édition russe connue pour éditer des livres qui traitent d’homosexualité, est la première à faire les frais de la loi réprimant la "propagande LGBT". Elle risque une amende jusqu’à 150 000 euros.
Article rédigé par Sylvain Tronchet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le Kremlin, centre du pouvoir russe (photo d'illustration). (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

En Russie, la justice a ouvert la première affaire de poursuite dans le cadre de la loi réprimant dorénavant la "propagande LGBT" dans le pays. En clair, tout livre, tout film, toute publicité, par exemple, qui présenterait les relations homosexuelles sous un jour positif est désormais passible de poursuites et d'une amende pouvant aller jusqu'à 150 000 euros.

Popcorn Books, bien connue en Russie pour éditer des livres qui traitent de l'homosexualité, est la première à expérimenter cette loi. Ses livres étaient jusque-là interdits aux moins de 18 ans, conformément à la loi locale, bien qu'il n'y ait rien de pornographique. Mais ils pourraient bien être carrément déclarés illégaux et leur éditeur condamné.

>> Les libraires russes contraints de retirer des livres de la vente à cause de la loi "anti-propagande LGBT"

Popcorn Books se savait dans le viseur, notamment à cause de son bestseller paru en été, Un été en cravate de pionniers, l'histoire d'amour entre deux jeunes hommes qui se rencontrent dans un camp de jeunesse sous l'URSS. 300 000 exemplaires ont été vendus, provoquant la colère des milieux nationalistes qui ne supportaient pas qu'on puisse ainsi évoquer la période soviétique.

La loi ne précise pas vraiment si une histoire d'amour plutôt romantique constitue de la propagande LGBT, mais le livre est déjà quasiment introuvable, explique la critique littéraire Galina Youzefovitch. 

"Personne ne sait exactement ce qui est interdit. Certains magasins prennent peur et suppriment tout."

Galina Youzefovitch, critique littéraire

à franceinfo

"Ils suppriment même les livres qui ne font pas mention de l’homosexualité mais dont l’auteur, par exemple, appartient à la communauté LGBT, ajoute Galina Youzefovitch. D’autres magasins vont dire que ce n’est pas de la propagande, et les laissent. Mais les livres de Popcorn Books sont maintenant presqu’impossible à acheter". D'après Galina Youzefovitch, c'est tout le monde de l'édition russe qui s'interroge actuellement, terrorisé par les conséquences potentielles de cette loi, surtout les maisons qui traduisent des romans étrangers dont le catalogue se restreint de plus en plus.

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