: Vidéo "Je rentrais chez moi, puis je suis mort" : le documentaire "Navalny", primé aux Oscars en 2023, diffusé sur France 5
"S'ils vous assassinent, s'ils y parviennent, quel message souhaiteriez-vous laisser au peuple russe ?" Cette question, posée à Alexeï Navalny en préambule du documentaire que Daniel Roher a consacré à l'opposant russe en 2022, prend aujourd’hui une autre dimension. Tout comme la réponse de l'intéressé : "Non, ce n'est pas possible, c'est comme si vous faisiez un film documentaire sur ma mort." Depuis le 16 février, jour de la mort d'Alexeï Navalny dans une colonie pénitentiaire reculée de l’Arctique, où il purgeait une peine de dix-neuf ans de prison pour "extrémisme", ces paroles résonnent de manière dramatique.
Navalny, du Canadien Daniel Roher, Oscar du meilleur documentaire en 2023, est diffusé sur France 5, dimanche 17 mars à 21h05. Il décrit l’ascension politique d’Alexeï Navalny, son combat contre Vladimir Poutine, mais aussi la tentative d’assassinat avec un agent chimique produit par l’armée russe à laquelle l'opposant a difficilement survécu en 2020. Le film dévoile également les détails du complot impliquant le président russe et les images du jour où Navalny a été intoxiqué, ainsi que la détermination de sa femme.
Un malaise pendant un vol
En août 2020, alors qu'Alexeï Navalny prend un vol à Tomsk, en Sibérie, pour rentrer chez lui à Moscou, il fait un malaise dans l'habitacle. Il est rapidement hospitalisé dans un état grave et plongé dans un coma artificiel. L'incident est immédiatement médiatisé, et c'est sous les caméras que son épouse, Ioulia Navalnaïa, se précipite à son chevet. Mais, au centre hospitalier, on lui interdit de le voir. Elle suspecte, sans certitude, une tentative d'assassinat, et craint pour la vie de son mari au sein même de l'hôpital. "Nous demandons la libération immédiate d'Alexeï, car à l'heure où je vous parle, dans cet hôpital sont présents davantage de policiers et d'agents du gouvernement que de médecins", déclare alors Ioulia Navalnaïa devant des témoins.
"Comme Alexeï était tout seul [à l'hôpital], je me suis dit que le FSB et Poutine allaient tirer parti de la situation et faire tout ce qui était en leur pouvoir pour s'assurer qu'il meure."
Ioulia NavalnaïaDans "Navalny"
Les médecins russes déclarent, avec force, qu'aucune substance toxique n'est présente dans l’organisme d'Alexeï Navalny. "A en juger par le fait qu'aucun poison n'a été retrouvé dans son sang ou dans d'autres liquides biologiques, nous sommes arrivés à la conclusion qu'il souffre (...) d'une baisse du taux de sucre dans le sang", affirme, à l'époque, Alexander Murakhovsky, le médecin-chef des urgences de l'hôpital de Tomsk. Divers médias russes, soutenus par le Kremlin, relayent également des causes plus ou moins fantaisistes au malaise de l'ennemi de Poutine : prise de drogues hallucinogènes, d'antidépresseurs américains illégaux, ou encore consommation d'alcool frelaté ou de cocaïne.
Un empoisonnement au Novitchok
Ioulia Navalnaïa est de plus en plus convaincue que son époux a été empoisonné. Les autorités et les médecins finissent par accepter qu'elle voie son mari. "Je savais que tous ces gens me mentaient, et je devais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour le sortir de là", confie-t-elle dans le documentaire. La communauté internationale suit de près cette affaire, au point que la chancelière allemande de l'époque, Angela Merkel, déclare être prête à accueillir Alexeï Navalny pour qu'il puisse être soigné. Mais les médecins russes s'opposent à son transfert du fait de son état de santé. "Nous pensons que le transfert a été refusé pour donner le temps au poison de disparaître de l'organisme d'Alexeï", soutient la femme de l'opposant lors d'une conférence de presse devant l'hôpital.
Peu de temps après, les médecins acceptent qu'Alexeï Navalny soit hospitalisé à Berlin. Les praticiens allemands confirment qu'il a bien été empoisonné au Novitchok, un agent toxique impliqué dans des attaques contre d'autres opposants au gouvernement russe. Une thèse qu'a toujours démentie Vladimir Poutine.
Le documentaire Navalny, réalisé par Daniel Roher, est diffusé le 17 mars à 21h05 sur France 5 et sur la plateforme france.tv
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