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Guerre en Ukraine : la question de l'accueil des réfugiés en France, de retour au cœur de la campagne présidentielle

La question migratoire, déjà largement traitée au début de la campagne présidentielle en France, est de nouveau sur la table dans les discours des candidats avec l'exode des centaines de milliers d'Ukrainiens qui fuient la guerre. 

Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Arrivée de refugiés ukrainiens a la frontière polonaise, au poste de Kroscienko, le 26 février 2022.  (NICOLAS CLEUET/ MAXPPP)

L'exode des Ukrainiens se poursuit lundi 28 février. Plus de 500 000 civils ont fui la guerre vers des pays limitrophes, selon le dernier recensement de l'ONU. Lundi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a réaffirmé la volonté de la France de donner "l'asile à tous les Ukrainiens qui arriveront en Europe", confirmant une annonce d'Emmanuel Macron, lors du sommet de l'Union européenne à Bruxelles jeudi. À 41 jours du premier tour de l'élection présidentielle, la question migratoire se retrouve au centre de la campagne. 

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Éric Zemmour explique comprendre et ressentir l'émotion mais ne veut pas y céder. "La France est submergée d'immigrés, de réfugiés, de migrants", a soutenu le candidat de Reconquête chez nos confrères de RTL dans la matinée. "Si nous accueillons des centaines de milliers d'Ukrainiens aujourd'hui, que dirons-nous demain s'il y a une guerre en Algérie ou si Al-Qaïda ou les islamistes reprennent le pouvoir au Mali et que nous avons des dizaines, des centaines de milliers d'Algériens ou de Maliens qui demandent également d'être refugiés en France ?", martèle-t-il, "Je dirai non aussi."

Éric Zemmour plaide plutôt pour aider la Pologne, aujourd'hui premier pays d'accueil. "Accueillir les Ukrainiens qui fuient la guerre sera l'honneur et la grandeur de la France", a rapidement répondu Bruno Retailleau, soutien de Valérie Pécresse. Dans une tribune adressée vendredi au Figaro, la candidate LR, a déclaré souhaiter "si la situation l'exigeait, que la France manifeste sa solidarité en accueillant des réfugiés ukrainiens," qui, a-t-elle ajouté, justifieraient de ce statut, bien davantage que ceux qu'elle appelle "les faux réfugiés indûment entrés en Europe ces dernières années".

Des élus socialistes préparent l'arrivée des réfugiés

De son côté, Anne Hidalgo, samedi soir à Bordeaux a transformé son meeting en réunion de soutien au peuple ukrainien, mais la candidate du Parti socialiste n'a pas abordé la question migratoire. Dimanche en revanche, en tant que maire de Paris, elle a indiqué que la capitale ouvrait une cellule de crise et activait ses hébergements d'urgence pour mettre tous les moyens en œuvre pour accueillir les Ukrainiennes et les Ukrainiens. 

Tout comme la maire de Lille qui la soutient, Martine Aubry, lance un appel aux habitants volontaires, et dénonce à demi mot l'inertie du gouvernement. "Nous à Lille nous sommes déjà prêts avec la préfecture, nous avons déjà vu les lieux où nous pouvons accueillir les Ukrainiens". Elle estime à 250, le nombre de places en hébergements d'urgence disponibles sans compter les places dans les familles prêtes à accueillir des réfugiés.

"Des centaines de personnes peuvent arriver dans ma ville et si tout le monde fait la même chose, on arrivera à traiter le problème des réfugiés. Il faut maintenant que le gouvernement prenne une décision."

Martine Aubry

à franceinfo

La France n'est toutefois pas le premier pays de destination des Ukrainiens en Europe qui "cherchent à aller vers des pays où ils ont déjà des attaches", rappelle Didier Leschi, le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Selon lui, 18 000 Ukraniens sont enregistrés en France. La communauté ukrainienne représente 100 000 personnes selon des estimations non-officielles. L'OFII a néanmoins commencé à recenser les places disponibles. Par ailleurs les Ukrainiens peuvent circuler sans visa dans l'espace Schenghen et y rester 90 jours. Dimanche, les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne se sont réunis à Bruxelles et ont soutenu, à une grande majorité, le projet de leur octroyer une protection temporaire, qui leur permettra de rester jusqu'à trois ans et de travailler.

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