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Russie : une ONG emblématique de défense des droits de l'homme menacée de dissolution

L'ONG Memorial est accusée d'avoir justifié l'action de groupes terroristes, et de ne pas avoir respecté la loi sur les agents de l'étranger.

Article rédigé par Sylvain Tronchet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
De gauche à droite : Tanya Lokshina, Yelena Zhemkova et Alexander Tcherkasov, trois membres de l'ONG Memorial lors d'une conférence de presse à Moscou le 18 novembre 2021. (ALEXANDER NEMENOV / AFP)

En Russie, l'association Memorial est menacée de dissolution par les autorités. Cette ONG de défense des droits de l'homme emblématique a été créée dans les années 1990 par d'anciens dissidents pour documenter les crimes commis par le régime soviétique. Le parquet général russe l'accuse d'abord d'avoir justifié l'action de groupes terroristes en plaçant des membres d'organisations interdites en Russie sur une liste de prisonniers politiques. 

Elle n'aurait en outre pas respecté la très controversée loi sur ce qu'on nomme en Russie les "agents de l'étranger". Des dizaines de médias et ONG, militants et journalistes sont aujourd'hui classés comme tels dans le pays. Ce statut leur impose toutes sortes de contraintes, notamment de rendre compte à l'Etat du moindre kopeck dépensé et de signaler ce statut dans toutes leurs correspondances. Une obligation que Memorial a parfois oubliée.

Une "mise sous tutelle" des ONG

"C'est comme si on se faisait fusiller pour avoir traversé en dehors des clous, c'est disproportionné", dénonce Alexandre Tcherkassov, l'un des fondateurs de l'association. "Avec cette loi sur les agents de l'étranger qui existe depuis dix ans, le but du gouvernement est de contrôler tout ce qui lui échappe, de mettre sous tutelle les ONG et, si elles ne se laissent pas faire, de les supprimer", affirme-t-il. 

Memorial mobilise actuellement ses soutiens partout dans le monde. Hier, la rapporteuse spéciale de l'ONU pour les défenseurs des droits de l'homme, l'Irlandaise Mary Lawlor, a pris la parole en visioconférence à Moscou. "J'espère que les autorités n'iront pas jusqu'à la dissolution. Ce serait une grave atteinte aux valeurs des Nations unies", a-t-elle déclaré. D'autant que, si Memorial est dans le viseur, c'est aussi parce qu'elle documente les crimes commis sous l'Union soviétique au moment même où le pouvoir russe impose une relecture de l'histoire du pays.

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