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Semaine de la Francophonie : l’avenir du français passe par internet
Le français est la 5e langue la plus parlée au monde. Un chiffre à rappeler alors que du 18 au 26 mars 2017 se tient la Semaine de la Francophonie. Mais il se dit que l’idiome de Molière serait en recul, notamment face à l’anglais. Qu’en est-il exactement? Etat des lieux avec Youma Fall, directrice Langue française, cultures et diversités à l’Organisation internationale de la francophonie.
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Quelle est la place du français dans le monde?
Selon le dernier rapport de l’OIF, qui date de 2014, on comptait alors 274 millions de locuteurs français. Il faut évidemment distinguer entre ceux qui naissent et vivent en français, et ceux qui l’apprennent à l’école. On estime ainsi que sur ces 274 millions de personnes, 212 parlent cette langue au quotidien.
On évoque souvent un recul de la langue de Molière. Celle-ci est-elle menacée?
Sur internet et les supports numériques, les choses n’évoluent pas très vite. Le français se place ainsi entre la 5e et la 7e place des langues les plus utilisées. Mais en Afrique subsaharienne, par exemple, là où le français est langue officielle, on constate une progression du nombre d’élèves scolarisés dans cet idiome. Il peut aussi cohabiter aux côtés d’autres langues nationales des pays concernés dans des écoles bilingues.
Il n’y a donc pas de régression, malgré la progressio de l’anglais ou du chinois (mandarin), par exemple?
Ce n’est pas parce qu’il y a une progression de l’anglais qu’on constate pour autant un recul du français! Il faut voir qu’en Afrique, l’anglais peut être enseigné comme seconde langue étrangère, au côté du français. Mais je le répète, cela ne signifie pas une régression de ce dernier.
Sur la liste fournie par le rapport 2014 de l’OIF, on voit que la Macédoine est «membre de la Francophonie» et l’Autriche un «observateur». Deux pays qui ne sont pas connus pour être des pays francophones…
Si l’on veut faire évoluer une langue, il faut aller vers d’autres territoires. Il n’est pas écrit que l’on doive rester sur son territoire. Le français est une langue de partage, qui permet de partager des valeurs. Une langue partenaire. Cela fait partie du rayonnement de la francophonie.
Vous voulez dire que c’est un instrument de «soft power»?
De quoi?
Vous n’aimez apparemment pas ce terme anglophone! Je voulais dire: le français et la francophonie sont-ils des instruments d’influence?
La francophonie s’inscrit dans les domaines économique, politique… Elle a pour but de participer au rayonnement du français. Mais elle sert aussi à promouvoir le multilinguisme, la diversité culturelle.
Quel est l’intérêt de parler français aujourd’hui?
Cela apporte une diversité culturelle enrichissante. C’est aussi une langue des affaires. Bref, c’est tout «bénef» d’appartenir à l’espace francophone!
Vous semblez très optimiste…
Je pense qu’avant, on avait quelques raisons d’avoir un peu peur pour l’avenir. Mais aujourd’hui, internet a changé la donne dans les territoires francophones. On constate qu’il y a de plus en plus d’usagers du numérique dans cet espace. Et quand la demande existe, les contenus suivent.
Je suis très optimiste. Mais aussi très réaliste. L’outil numérique stimule la créativité. Facile d’accès, il permet la diffusion des connaissances. Selon les projections que les chercheurs ont établies pour le prochain rapport de l’OIF à paraître en 2018, le français pourrait passer sur internet de la 5-7e place à la 3-5e place en 2018.
L’OIF estime que «ce sont les Africains qui décideront de l’avenir de la francophonie». Pourquoi?
Si la population de l’Afrique francophone augmente, celle de l’usage du français devrait lui aussi augmenter. C’est du moins ce que disent les chercheurs. Ils pensent qu’en 2060, il pourrait y avoir quelque 700 millions de locuteurs francophones!
Pour autant, nous ne devons pas nous endormir sur nos lauriers. Il faut mener un travail d’accompagnement des Etats, avec le français comme langue partenaire. Il faut ainsi notamment relever le défi de l’éducation.
Avant de travailler à l’OIF, Mme Youma Fall a enseigné à l’Université de Saint-Louis du Sénégal et dirigé le Grand Théâtre de Dakar.
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