Syrie : Echec d'une résolution devant le Conseil de sécurité de l'ONU
“C'est une journée historique ”. C'est par ce commentaire que l'échec du vote de la résolution présentée au Conseil de sécurité hier a été accueilli... à Damas. De fait, le texte prévoyait des sanctions contre le régime de Bachar al-Assad. Il avait pourtant été fortement édulcoré.
Jusqu'au dernier moment, ses concepteurs, Paris, Londres, Berlin et Lisbonne, ont espéré que la résolution passe. Amendement après amendement, elle a été rabotée et adoucie pour tenter de convaincre les plus réticents.
La cinquième version écartait la perspective d'une sanction immédiate, stipulant que sous trente jours, le Conseil examinerait “les options qui s'offrent à lui ”, y compris d'envisager des sanctions économiques et diplomatiques.
Un plus petit dénominateur commun qui serait acceptable pour les quinze membres du Conseil de sécurité, pensaient les rédacteurs du texte. Leur déception est donc à la mesure de l'attente. Ils redoutaient un véto, ils en ont eu deux, la Chine et la Russie. Et quatre pays se sont abstenus (Brésil, Liban, Inde et Afrique du Sud).
Le Conseil national syrien, organe qui fédère les principales forces d'opposition au régime en place estime que cet échec va “encourager ” la violence : “Soutenir Bachar al-Assad dans son projet militariste et fasciste ne va pas encourager le peuple syrien à rester dans la révolution pacifique ”, craint son président Burhan Ghalioun.
A l'ONU même, la Chine et la Russie ont fait l'objet de réactions peu diplomates.
L'ambassadrice américaine, Susan Rice, les a accusé de préférer “vendre des armes à la Syrie ”. “C'est un triste jour pour le peuple syrien. C'est un triste jour pour le Conseil de Sécurité ”, a réagi le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé. Et il rappelle que le Conseil de sécurité “ne pouvait rester silencieux face à la tragédie ”. Le Britannique Mark Lyall Grant a fait part de sa “profonde déception ”.
L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a expliqué que son pays était opposé à la menace de sanctions contre Damas. Pour lui, “l'approche d'affrontement ” que prônent les Européens va “à l'encontre d'un règlement pacifique de la crise ”. Il a redit que Moscou craignait que le projet de résolution n'ouvre la voie à une intervention militaire en Syrie, sur le modèle de ce qui s'est passé en Libye.
L'ambassadeur chinois Li Baodong a souligné pour sa part que Pékin rejetait toute idée d'“ingérence dans les affaires intérieures ” d'un pays.
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