Cet article date de plus d'onze ans.
Attaque contre la Syrie: «piège» ou action légitime?
Deux tendances se dégageaient dans la presse mondiale le 28 août face à la possibilité d’une intervention occidentale en Syrie suite à une éventuelle attaque chimique dans ce pays. D’un côté, les journaux anglo-saxons (et saoudiens) sont plutôt dans le camp des partisans d’une telle intervention. De l’autre, ceux du reste du monde se montrent plus circonspects.
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«L'Occident est resté trop longtemps inactif face aux événements syriens», estime Le Times britannique cité par Courrier International (Le Times n’est pas en accès libre sur internet). De son côté, le Guardian, autre journal d’Albion, rapporte que les services de renseignements israéliens auraient transmis aux Etats-Unis le contenu d’une «conversation entre des responsables syriens concernant l’utilisation d’armes chimiques», dont Slate se fait également l’écho. Le chaînon manquant pour justifier une intervention des Etats-Unis et de leurs alliés ?
Le même Slate publie une analyse selon laquelle «Israël ne croit pas à la stratégie américaine en Syrie». Le gouvernement israélien «estime que des frappes aériennes annoncées à l’avance ne seront pas efficaces contre une armée dispersée dans les villes» et «craint d’être entraîné dans un conflit dont il ne voit pas l’intérêt».
Une opinion qui reflète le point de vue plus ou moins réticent de nombreux autres journaux étrangers. Ainsi, le Jerusalem Post israélien, qui ne doute pas de l’utilisation d’armes chimiques, s’interroge sur une «attaque syrienne» contre l’Etat hébreu «si les Etats-Unis et d’autres forces occidentales attaquent la Syrie». Le quotidien relève qu’une telle opération «ferait d’Assad un héros auprès de beaucoup dans le monde arabe».
En Turquie, histoire de souligner la tension grandissante, Hurriyet, citant une dépêche d’agences, note que «la Russie a évacué de Syrie des dizaines de ses ressortissants».
En Italie, «La Repubblica» signale que «l’Italie ne participera pas» à une opération occidentale «sans une décision des Nations Unies». Et de citer les propos de la ministre des Affaires étrangères, Emma Bonino, selon lesquels «l’appui de l’Italie (à une telle opération) n’est pas automatique».
«Un risque incalculable»
La palme du scepticisme revient à l’Allemagne. Et plus particulièrement au grand hebdomadaire Der Spiegel qui resitue l’affaire dans le cadre de la campagne électorale outre-Rhin (les élections législatives auront lieu en septembre). Et de résumer le débat avec un titre choc : «Le piège syrien». «Plus une frappe militaire contre la Syrie approche, plus le thème prend de l’importance dans la campagne. Pour tous les partis, l’évolution (de la situation au Proche-Orient) représente un risque incalculable». Le journal reflète ainsi une méfiance instinctive de l’opinion allemande vis-à-vis d’un engagement militaire de son pays à l’étranger. Une réaction pacifiste face à un passé militariste…
En Espagne, le journal espagnol El Pais mise sur la modération américaine. Il rappelle «les leçons» à tirer du précédent libyen (notamment avec les bombardements franco-britanniques de 2011) contre le régime de Mouammar Kadhafi. En clair, il s’agit de ne pas renouveler les erreurs du passé comme les opérations en Irak et en Afghanistan.
Selon lui, le président Obama a compris qu’il était préférable, lors d’une intervention, «de se faire accompagner par des partenaires islamiques (Arabie saoudite, Jordanie, Qatar et Turquie) pour éviter que cela soit interprété comme une confrontation de civilisations». Dans ce contexte, «il est à prévoir qu’Obama se contentera de limiter» l’opération à une action «contre les arsenaux chimiques et quelques installations de commandement et de contrôle».
Un ton à mille lieues de celui, guerrier, du quotidien saoudien Al-Sharq, cité par Courrier International. Pour lui, «l’application de la loi du talion» contre le régime de Damas est sur le point de prendre effet. «Bachar El-Assad a perdu son arabité», ajoute-t-il en titre. Et de citer le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, qui avait déjà estimé en juin qu'avec Assad, la Syrie était «sous occupation étrangère».
Un ton très offensif qui concurrence celui du site de l’Agence de presse arabe syrienne SANA selon qui «La Syrie sera le cimetière de ceux qui veulent porter atteinte à elle». Ou les propos du guide suprême de l’Iran, Ali Khameinei, cité par la télévision d’Etat. Selon lui, «l'intervention américaine sera un désastre pour la région». Celle-ci «est une poudrière et on ne peut pas prédire l'avenir» en cas de frappe militaire contre le régime de Damas, a-t-il ajouté. Une menace à peine voilée…
Cette menace n’inquiète guère le magazine américain Time qui évoque la «mise en garde de la Russie et de l’Iran contre l’intervention en Syrie». «Pour le moment au moins, les menaces iraniennes et russes semblent destinées à empêcher une attaque plutôt que de suggérer un plan de ces deux pays pour s’engager eux-mêmes dans la guerre», précise l’hebdomadaire.
Le même Slate publie une analyse selon laquelle «Israël ne croit pas à la stratégie américaine en Syrie». Le gouvernement israélien «estime que des frappes aériennes annoncées à l’avance ne seront pas efficaces contre une armée dispersée dans les villes» et «craint d’être entraîné dans un conflit dont il ne voit pas l’intérêt».
Une opinion qui reflète le point de vue plus ou moins réticent de nombreux autres journaux étrangers. Ainsi, le Jerusalem Post israélien, qui ne doute pas de l’utilisation d’armes chimiques, s’interroge sur une «attaque syrienne» contre l’Etat hébreu «si les Etats-Unis et d’autres forces occidentales attaquent la Syrie». Le quotidien relève qu’une telle opération «ferait d’Assad un héros auprès de beaucoup dans le monde arabe».
En Turquie, histoire de souligner la tension grandissante, Hurriyet, citant une dépêche d’agences, note que «la Russie a évacué de Syrie des dizaines de ses ressortissants».
En Italie, «La Repubblica» signale que «l’Italie ne participera pas» à une opération occidentale «sans une décision des Nations Unies». Et de citer les propos de la ministre des Affaires étrangères, Emma Bonino, selon lesquels «l’appui de l’Italie (à une telle opération) n’est pas automatique».
«Un risque incalculable»
La palme du scepticisme revient à l’Allemagne. Et plus particulièrement au grand hebdomadaire Der Spiegel qui resitue l’affaire dans le cadre de la campagne électorale outre-Rhin (les élections législatives auront lieu en septembre). Et de résumer le débat avec un titre choc : «Le piège syrien». «Plus une frappe militaire contre la Syrie approche, plus le thème prend de l’importance dans la campagne. Pour tous les partis, l’évolution (de la situation au Proche-Orient) représente un risque incalculable». Le journal reflète ainsi une méfiance instinctive de l’opinion allemande vis-à-vis d’un engagement militaire de son pays à l’étranger. Une réaction pacifiste face à un passé militariste…
En Espagne, le journal espagnol El Pais mise sur la modération américaine. Il rappelle «les leçons» à tirer du précédent libyen (notamment avec les bombardements franco-britanniques de 2011) contre le régime de Mouammar Kadhafi. En clair, il s’agit de ne pas renouveler les erreurs du passé comme les opérations en Irak et en Afghanistan.
Selon lui, le président Obama a compris qu’il était préférable, lors d’une intervention, «de se faire accompagner par des partenaires islamiques (Arabie saoudite, Jordanie, Qatar et Turquie) pour éviter que cela soit interprété comme une confrontation de civilisations». Dans ce contexte, «il est à prévoir qu’Obama se contentera de limiter» l’opération à une action «contre les arsenaux chimiques et quelques installations de commandement et de contrôle».
Un ton à mille lieues de celui, guerrier, du quotidien saoudien Al-Sharq, cité par Courrier International. Pour lui, «l’application de la loi du talion» contre le régime de Damas est sur le point de prendre effet. «Bachar El-Assad a perdu son arabité», ajoute-t-il en titre. Et de citer le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, qui avait déjà estimé en juin qu'avec Assad, la Syrie était «sous occupation étrangère».
Un ton très offensif qui concurrence celui du site de l’Agence de presse arabe syrienne SANA selon qui «La Syrie sera le cimetière de ceux qui veulent porter atteinte à elle». Ou les propos du guide suprême de l’Iran, Ali Khameinei, cité par la télévision d’Etat. Selon lui, «l'intervention américaine sera un désastre pour la région». Celle-ci «est une poudrière et on ne peut pas prédire l'avenir» en cas de frappe militaire contre le régime de Damas, a-t-il ajouté. Une menace à peine voilée…
Cette menace n’inquiète guère le magazine américain Time qui évoque la «mise en garde de la Russie et de l’Iran contre l’intervention en Syrie». «Pour le moment au moins, les menaces iraniennes et russes semblent destinées à empêcher une attaque plutôt que de suggérer un plan de ces deux pays pour s’engager eux-mêmes dans la guerre», précise l’hebdomadaire.
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