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Combien y a-t-il de djihadistes européens en Syrie ?

La question relève du fantasme. Les chiffres sont invérifiables, et au gré des journaux, chaque pays s'alarme d'être à la première place du nombre de combattants étrangers dans les rangs des rebelles. Dernier chiffre en date, ils seraient 250 Français en Syrie.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Rebelles syriens sur une route près de Racca. (SALIH MAHMUD LEYLA / ANADOLU AGENCY)

Le chiffre est à la une du Monde du 19 septembre 2013. 250 jeunes djihadistes français ont combattu ou vont combattre en Syrie. En page intérieure, on apprend qu'ils sont en fait 350 à être surveillés par les services de renseignement. Car il convient d'ajouter les jeunes ayant exprimé leur désir de partir. Sans qu'on sache du reste s'ils mettront leur projet à exécution un jour.

Le phénomène est marginal, pourtant il inquiète, en France et dans toute l'Europe.

Ainsi, la ministre de l’Intérieur belge, Joëlle Milquet, parle d’une fourchette comprise entre 60 et 80 djihadistes d’origine belge (en avril 2013). La ministre précise dans une interview accordée au site DH.be, que l’internet est un fort outil de propagande islamiste, et qu’il faut y mettre tous les moyens de surveillance. «C’est l’un des éléments qui permettent l’émergence de phénomènes nouveaux comme les terroristes isolés», précise-t-elle. Mais son chiffre est réfuté par le journal Le Monde, qui, citant «une bonne source musulmane belge», annonce 300 combattants.

Le correspondant de France 2 à Bruxelles, François Beaudonnet, a rencontré la mère d'un jeune djihadiste parti combattre cet été. Nous vous proposons d'écouter son témoignage.

Combien d'Européens ?
Le chiffre de référence a été fourni par l’ICSR, un centre d’étude sur la radicalisation dépendant du King’s College de Londres. Il donnait, en avril 2013, une fourchette très large. De 140 à 600 combattants européens en remontant au début 2011. Soit entre 7 et 11% des combattants étrangers au côté des rebelles.
 
Côté français, le juge anti-terroriste Marc Trévidic annonçait en avril 2013 qu’une cinquantaine de jeunes combattaient en Syrie.
La Grande-Bretagne fournirait le plus grand bataillon, entre 28 et 134 jeunes combattants, suivi des Pays-Bas (5-107), de la France (30-92) et de la Belgique (14-85).
 
Si le nombre de djihadistes est difficile à compter, l’existence ou non d’un réseau de départ est lui aussi tout aussi fantasmé. Un groupuscule intégriste belge «Sharia 4 Belgium» est accusé de tous les maux : recrutement, endoctrinement et voyage. Or, les motivations des combattants semblent tellement diverses, qu’il est peu probable qu’il n’y ait qu’un seul réseau.

Pour un spécialiste de l’antiterrorisme à la PJ de Bruxelles, Alain Grignard, cité par 7sur7, le phénomène n’est pourtant pas nouveau. Le départ de jeunes belges pour des conflits est cette fois accentué par la proximité géographique et la publicité qui en est fait. Ils peuvent se rendre seuls sur le terrain de bataille.
 
L’ICSR tient à préciser que le conflit syrien est loin d’être aussi internationalisé qu’on veut bien le dire. Au plus, il y aurait 6000 combattants et ce chiffre est très optimiste.
 
Enfin, ultime objet d’inquiétude, le retour au pays des combattants. A l’image des vétérans de la guerre du Vietnam, beaucoup imaginent des jeunes revenant brisés, blessés,radicalisés, plus dangereux encore car confortés dans leur foi.
Et comme conclu Alain Grignard : «Même si seulement 5% reviennent radicalisés, c’est déjà un risque.»

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