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Pour lutter contre Daech le président Sissi se rapproche de Bachar al-Assad

Aux prises avec l’Etat Islamique dans le Sinaï à l’Est et dans le désert occidental à l’Ouest, le président égyptien joue le rapprochement avec Bachar al-Assad sous prétexte de lutte contre «un ennemi commun». Lors d’une opération anti-islamiste, ses forces de sécurité ont tué par erreur une douzaine de touristes. Une bavure qui risque de coûter cher à un secteur vital de l’économie égyptienne.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi à son entrée au Kremlin, le 26 août 2015, dans le cadre de pourparlers pour l'élargissement de la coalition anti-Daech incluant un rapprochement avec Bachar Al-Assad. (Alexander Zemlianichenko/Pool/AFP)

Partagé entre un remaniement gouvernemental, en raison d’un scandale de corruption, et le combat contre les groupes djihadistes se revendiquant de l’Etat islamique dans la «province» désertique du Sinaï, le président Abdel Fattah al-Sissi a vu les sables du désert occidental se dérober sous ses pieds.

Bavure meurtrière lors d'une opération anti-islamiste 
Dans un communiqué officiel, le ministère de l’Intérieur a très rapidement annoncé les faits : «Les forces conjointes de la police et de l’armée, qui pourchassaient dimanche 13 septembre des terroristes à Wahat, dans le désert occidental, ont ouvert le feu par erreur sur quatre pick-up qui transportaient des touristes mexicains.»
 
Bilan de la bavure, douze personnes tuées et une dizaine de blessés parmi les Mexicains et les Egyptiens qui les accompagnaient et une condamnation par le président mexicain Enrique Pena Neto qui demande l’ouverture d’une «enquête approfondie».
 
L’Etat islamique qui multiplie ses attaques jusqu’en plein centre du Caire s’est contenté, lui, d’affirmer, sans plus de précisions, «avoir résisté à une opération des forces armées égyptiennes dans le désert occidental» mettant en fuite certains éléments.
 
Outre les opérations visant la police et l’armée dans le Sinaï, le djihadistes ont étendu le champ de leurs attaques aux ressortissants étrangers.
 
Extension du champ des attaques de Daech
Ils ont perpétré un attentat à la voiture piégée contre le consulat d’Italie le 11 juillet dans la capitale et revendiqué l’enlèvement à la lisière du désert occidental et la décapitation le 13 août d’un jeune Croate travaillant pour une société française. Un an auparavant, un Américain avait été tué dans le même secteur.

Cordon de policiers égyptiens autour d'un bâtiment de la sécurité nationale, dévasté par un attentat de Daech le 20 août 2015, dans le quartier de Choubra au Caire. (Khaled Desouki/AFP)
 
Une manière pour la nouvelle nébuleuse islamiste de combattre le pouvoir en frappant les secteurs du tourisme et des investissements étrangers, vitaux pour son économie.
 
La bavure des forces de sécurité risque d’accroître les craintes et de paralyser encore plus ces activités ralenties ou en panne depuis 2011.
 
Pour sa défense, le ministère de l’Intérieur a déjà indiqué que les victimes se trouvaient dans une zone «non autorisée aux touristes», déconseillée aux voyageurs par les ambassades occidentales, et précisé que leurs guides n’avaient pas prévenu les autorités touristiques de leur voyage.

Le président Sissi se rapproche du président Assad 
Autre système de défense, plus globale, envisagé par le président Sissi, l’adhésion à une coalition régionale élargie contre l’organisation Daech. Le journal du Hezbollah Libanais, Al Akhbar, a révélé que le président égyptien avait reçu fin août, Ali Mamelouk, le chef de la sécurité nationale syrienne, à cette fin.
 
Un rapprochement avec le régime de Bachar al-Assad sur la base de la lutte contre «l’ennemi commun» qu’est l’Etat islamique et qui devrait déboucher sur une reprise des relations diplomatiques entre Damas et le Caire.
 
Un choix qui aurait en tout cas, selon le site Middle East, stratégic perspectives, le consentement de Riyad et d’Abou Dhabi, dans le cadre de tractations pour un front régional anti-terroriste coordonné par Washington et Moscou.

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