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Un rapport dénonce la hausse du travail des enfants syriens à cause de la guerre

Le conflit et la crise humanitaire en Syrie forcent de plus en plus d’enfants syriens à travailler pour aider leur famille. Dans un nouveau rapport publié le 2 juillet 2015, l’Unicef et l’ONG Save The Children dénoncent des proportions alarmantes et mettent en garde contre «une génération perdue».
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Enfants de réfugiés syriens travaillant dans un champ au Liban. (Reuters / Jamal Saïdi)

Ils ont parfois moins de 10 ans et peuvent travailler plusieurs heures par jour pour à peine 3 dollars. Des revenus minimes mais indispensables pour des centaines de milliers de familles syriennes déplacées dans leur propre pays ou réfugiées dans les pays voisins. «La crise en Syrie a considérablement réduit les moyens de subsistance des familles et a appauvri des millions de ménages dans la région», déplore Roger Hearn, directeur régional de Save The Children.

Dans son rapport intitulé Petites mains et lourds fardeaux, l’organisation insiste sur le fait que le travail des enfants est un nouveau fléau dans le pays. Avant le conflit armé, la plupart des enfants étaient scolarisés et le taux d’alphabétisation atteignait les 90%. 
 
L’école n’est plus une option 
Les enfants qui ont fuient les violences en Syrie sont pour la plupart privés d’école. En Jordanie, plus de 2,7 millions d’enfants syriens sont déscolarisés, selon le rapport publié à Amman. Près de la moitié d’entre eux travaillent et sont les principaux soutiens de leur famille. «Je me sens responsable de ma famille. Je sens que je suis encore un enfant et j’aimerais aller de nouveau à l’école, mais je n’ai pas le choix et je dois travailler dur pour qu’on puisse se nourrir», témoigne Ahmed, 12 ans.
 
Petites mains et petits salaires
Les enfants réfugiés syriens acceptent toutes les propositions de travail et n’importe quelles conditions. Dans les champs, les boutiques, les restaurants, le jour ou la nuit, tout est bon pour arrondir les fins de mois. Les employeurs sont très peu regardants sur l’âge minimum légal ou les horaires. De nombreux enfants travaillent parfois 12h par jour pour 4 dollars.  
 
Risques pour la santé
Les enfants syriens déscolarisés et très mal payés travaillent souvent dans des environnements extrêmement dangereux et insalubres.
Dans les champs, par exemple, ils sont exposés aux pesticides à longueur de journée et sont obligés d’être très performants: «On attache un grand sac autour de la taille et on doit récolter les pommes de terre et le remplir très vite. Si on ne travaille pas bien, ils nous frappent avec un tuyau en plastique. Je remplis 30 sacs chaque jour. Chaque sac pèse près de dix kilos et ça fait très mal au dos», raconte Salem, 13 ans réfugié au Liban.

Dans ce contexte, le directeur régional de l’Unicef pour le Moyen-Orient, Peter Salama, rappelle à qui veut l'entendre que le travail des enfants entrave leur croissance et leur développement. Mais les droits des enfants semblent bien éclipsés par les violences et le chaos du conflit syrien qui durent depuis plus de 4 ans.

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