Six mois après sa réouverture, la prison de la Santé accueille ses premiers détenus radicalisés
Après de longs mois de rénovation, une quinzaine de cellules peuvent désormais accueillir des détenus radicalisés, dont certains sont des terroristes islamistes.
"Voilà, on rentre typiquement dans le QB3". Derrière une lourde grille en fer, on entre dans le "QB3", comprenez "quartier B3". C'est le quartier de prise en charge de la radicalisation, à la prison de la Santé, à Paris.
Entièrement rénovée, la prison peut aujourd'hui accueillir des détenus radicalisés dans une quinzaine de cellules. Certains sont des terroristes islamistes. Des détenus regroupés dans ce quartier spécifique de prise en charge de la radicalisation, qu'on appelle un QPR, comme il en existe déjà deux autres en France.
Des trappes pour menotter les détenus
Depuis quelques jours, quatre détenus y sont. La sécurité est maximale, avec des caméras dans les coursives. Les surveillants sont équipés de gilets pare-lame, et les portes des cellules équipées de trappes pour le menottage. "Lorsque nous avons un détenu qui présente un potentiel de dangerosité assez fort, ça nous permet de lui demander de passer ses mains et de le menotter avant qu’il ne sorte de sa cellule pour tout mouvement", explique Bruno Clément-Pétremann, le directeur de la prison de la Santé.
"Deuxième particularité de cette porte, c’est qu’elle s’ouvre dans les deux sens", ajoute-t-il. Il détaille : "Si on a un incident dans une cellule, en fonction de l’attitude du détenu, si on sait qu’il est dangereux et qu’il peut éventuellement vous balancer la porte au visage sur une intervention des surveillants, on choisira le mode ouverture vers l’intérieur, et si on est dans une situation contraire, on peut ouvrir la porte vers l’extérieur."
Une cour isolée des autres
Ici, les détenus ont une cellule standard, mais une cour de promenade isolée des autres. C'est surtout pour éviter le prosélytisme, insiste Laurent Ridel, directeur interrégional des services pénitentiaires de Paris.
C’est vrai qu’on les met hors d’état de nuire et d’influer sur des détenus fragiles. Au-delà de cette mise à l’écart, c’est de faire en sorte que ce soit un temps utile en termes de désengagement de la violence
Laurent Ridelà franceinfo
Des éducateurs, des psychologues, des imams et islamologues, vont tenter de les détourner de la violence. C'est un défi pour cette jeune surveillante, volontaire pour travailler exclusivement avec ces détenus radicalisés. "Le côté radicalisé, ça a vraiment attiré la curiosité chez moi", avoue-t-elle. "Je ne sais pas, ça a tellement été un phénomène médiatique ces dernières années qu’on se questionne aussi sur ce phénomène violent, le pourquoi. Pourquoi est-ce qu’ils en sont arrivés là et est-ce qu’il y a une possibilité de les faire changer aussi ?", se demande-t-elle.
Une conseillère d'insertion et de probation affirme qu’elle a observé des résultats plus encourageant chez des jihadistes de retour de Syrie ou d’Irak, plus souvent déçus par le groupe État Islamique, dit-elle, que des candidats au départ qui n’ont jamais réussi à quitter la France.
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