Théâtre : "Djihad", la pièce qui utilise "le rire pour parler d'un sujet dont peu de gens arrivent à parler"
"Djihad" est à l'affiche à Paris jusqu'à fin décembre. Jouée par des Bruxellois musulmans, cette pièce de théâtre raconte l'histoire de trois jeunes radicalisés qui décident de partir en Syrie.
Son nom peut choquer. Pourtant Djihad est bien une tragicomédie. À l'affiche depuis vendredi 16 septembre au théâtre Les Feux de la rampe à Paris, la pièce se moque de la radicalisation à travers le parcours de trois jeunes oisifs, qui décident de partir faire la guerre en Syrie.
"Sur la route, on découvre la vie de chacun, les raisons qui font qu'ils se sont radicalisés, détaille Ismaël Saidi, l'auteur et metteur en scène. Qu'est-ce qui fait qu'un mec qui a grandi à Saint-Denis ou à Molenbeek, qui a été à l'école comme vous, qui aurait même pu être votre ami, qu'est-ce qui fait qu'il passe du côté obscur ?"
Ça m'a permis de me rendre compte qu'il y avait un énorme boulot à faire sur l'éducation citoyenne
Aujourd'hui, la pièce a été vue par plus de 55 000 spectateurs. Elle a même été reconnue officiellement par l'éducation nationale belge comme un outil de lutte contre la radicalisation.
Ismaël Saidi n'imaginait pas un tel succès. À Bruxelles il y a deux ans, la société des transports en commun avait refusé de coller les affiches du spectacle dans le métro en raison de son titre. La pièce est finalement jouée pour la première fois en décembre 2014 dans une petite salle d'un quartier populaire de Bruxelles. Elle affiche complet dès les premiers soirs. "Les gens étaient prêts à s'asseoir par terre pour la voir", se souvient Reda Chebchoubi, l'un des acteurs.
La pièce devient un préliminaire à un débat
La clé du succès réside sans doute dans l'échange unique que la pièce établit avec ses spectateurs. Chaque représentation est suivie d'un débat avec l'auteur, des journalistes et des islamologues. "C'est devenu l'ADN de la pièce de faire ça, estime Ismaël Saidi. La pièce devient un préliminaire à un débat".
"Après Charlie Hebdo, on avait des gosses qui nous disaient que les dessinateurs tués l'avaient bien mérité, qu'ils n'avaient pas à représenter le prophète. Nous notre boulot, c'est d'essayer de déconstruire ça, poursuit Ismaël Saidi. Ça m'a permis de me rendre compte qu'il y avait un énorme boulot à faire sur l'éducation citoyenne, sur l'ignorance des musulmans à l'égard de leurs propres textes. L'intention c'est d'utiliser le rire pour parler d'un sujet dont peu de gens arrivent à parler pour l'instant."
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