: Vidéo Quand une repentie de Daech raconte sa radicalisation à l'ex-mentor des frères Kouachi
Surprenante association dans cet extrait de "Complément d'enquête" du 6 avril 2017 : un ancien recruteur de Daech et une collégienne fraîchement sortie de ses griffes. Farid Benyettou, l’ex-mentor des frères Kouachi, travaille aujourd'hui comme conseiller en déradicalisation. Pour la première fois, le magazine a pu filmer ses entretiens auprès de jeunes endoctrinés.
Farid Benyettou, l’ancien mentor des frères Kouachi, responsables de la tuerie de Charlie Hebdo, se dit aujourd’hui repenti. L’ex-"émir" de la filière des Buttes-Chaumont travaille même comme conseiller en déradicalisation. Pour la première fois, "Complément d’enquête" a pu filmer ses entretiens auprès de jeunes endoctrinés. Ce jour-là, il va recueillir pendant quatre heures le récit détaillé de Maëly, tout juste sortie du fanatisme. Itinéraire d'une radicalisation raconté à un ancien recruteur de Daech, dans cet extrait du magazine à voir le 6 avril 2017.
Une conversion à l'islam en réaction à un père alcoolique
Pourquoi cette jeune fille issue d'une famille athée a-t-elle éprouvé le besoin de se tourner vers la religion ? A la suite d’une dépression vécue plus jeune à cause des problèmes d'alcool de son père, confie-t-elle. Pourquoi l'islam ? Elle a lu "les trois livres : la Bible, la Torah, le Coran", et retenu que le dernier interdit l'alcool. Rassurée par la perspective de ne rencontrer que des hommes abstinents, Maëly se convertit.
Une radicalisation dans sa chambre
Pendant cet entretien qui se déroule d'une façon détendue, Farid Benyettou ne fera jamais référence à son propre parcours. Au moyen de questions établies par une grille précise, il tente de comprendre comment cette collégienne a basculé. Une fois convertie, a-t-elle quelqu'un à qui poser des questions sur l'islam ? Personne : elle ne va pas à la mosquée, ne connaît aucun musulman, mais se renseigne sur internet. Isolée, Maëly se radicalise dans sa chambre…
Un serment d'allégeance à Daech dans son jardin
Jusqu'à prêter allégeance à Daech… dans son jardin. Une photo surréaliste prise au début de sa radicalisation la montre en niqab, sabre à la main et doigt levé au milieu des haies bien taillées du pavillon parental. Elle le fait "parce qu'on [lui] a dit de le faire". Le groupe rencontré sur le net est devenu son seul interlocuteur : elle lui parle nuit et jour, se tatoue le drapeau de l'Etat islamique sur la paume de la main au henné, et se met à "détester [sa] propre mère".
Cadeaux de mariage : un chat et une AK-47
"Je suis Syrie", "Je suis Coulibaly"… Sous emprise, Maëly soutient par écrit les actions terroristes de 2015. Elle finit par épouser sur internet un homme de 31 ans qui lui propose de l'accompagner en Syrie. Ses cadeaux de mariage : un chat… et une AK-47. Rétrospectivement, elle se dit qu'elle savait donc qu'elle allait combattre, mais la propagande de Daech réussit à lui faire croire qu'elle va "aider les enfants orphelins et reconstruire les maisons après les bombardements". A quatre reprises, Maëly tente de partir en Syrie, mais se fait intercepter par les autorités. Elle est ensuite placée en foyer par un juge pour enfants.
Extrait de "Les repentis du jihad", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 6 avril 2017.
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