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Trois Kurdes assassinées à Paris : quelles pistes ?

L'enquête se poursuit après l'assassinat de trois militantes kurdes mercredi à Paris. Plusieurs hypothèses : triple exécution commanditée par des Turcs, règlement de comptes au sein du parti kurde, le PKK, intervention d'un pays tiers, comme la Syrie ou l'Iran en guerre ouverte contre Ankara, ou simple crime crapuleux ?
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

La police criminelle mais aussi la sous-section antiterroriste du ministère de l'Intérieur, la Sdat, sont mobilisées pour cette enquête. Une douzaine de douilles de calibres 7.65 ont été retrouvées auprès des trois corps, dans l'enceinte du Centre d'information du Kurdistan, dans le Xe arrondissement de Paris. Et les premiers résultats des autopsies permettent ce vendredi de déterminer qu'une des victimes a été abattue de quatre balles dans la tête, et les deux autres, de trois balles. 

La détermination du (ou des tueurs) confirme la thèse d'une exécution. D'autant que l'arme aurait été munie d'un silencieux, selon une agence de presse kurde, Firat. Mais les proches des victimes n'évoquent devant les enquêteurs aucune menace particulière à l'encontre des trois femmes, Sakine Cansiz, cadre du PKK, le parti des Travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie, Fidan Dogan et Leyla Soylemez, aussi militantes, toutes les trois inconnues des services de police. 

> Lire Trois militantes kurdes tuées d'une balle dans la tête à Paris

Les autorités n'ont reçu aucune revendication, mais l'on s'accorde à penser que les trois femmes ont été prises pour cible pour leur appartenance au PKK. Jeudi, la communauté kurde de France, sous le choc, a accusé la Turquie d'être à l'origine des meurtres. Mais le vice-Premier ministre turc Bülent Arinç a catégoriquement démenti toute responsabilité. Ankara livre une guerre sans merci sur son territoire aux rebelles du PKK, mais n'a de fait jamais été mis en cause pour l'assassinat de militants à l'étranger. On ne peut exclure néanmoins l'initiative d'éléments incontrôlés au sein de l'appareil sécuritaire turc. Issus notamment du mouvement d'extrême droite des "Loups gris". 

Piste privilégiée : réglement de comptes au PKK

Autre hypothèse avancée : celle d'un réglement de comptes au sein du PKK. Les négociations de paix entre le gouvernement turc et le chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, en prison, ont repris il y a seulement quelques semaines, et suscitent de nombreuses oppositions, notamment en interne. Ce triple meurtre pourrait avoir pour ambition de saboter ce dialogue. C'est la thèse des autorités turques, mais pas seulement. D'autant que Sakine Cansiz était particulièrement proche d'Öcalan. Néanmoins, celle-ci avait une réelle aura et une place jugée indispensable dans l'organisation. 

Piste évoquée encore par un expert turc de l'anti-terrorisme, Emre Uslu, sur son blog : celle de la responsabilité de la Syrie ou de l'Iran avec qui la Turquie entretient des relations tendues, et qui auraient tout intérêt à maintenir l'instabilité dans la région. 

21 procédures pour extorsion de fonds

Ce triple meurtre peut-il enfin trouver ses racines en France ? La majorité des enquêtes qui touchent ou ont touché de près ou de loin la communauté kurde installée dans le pays portent sur la façon dont est levé l'impôt révolutionnaire. Des collectes de fonds, au bénéfice des partis politiques kurdes comme le PKK, qui s'apparentent parfois à des extorsions, accompagnées de menaces ou de violences. Selon une source judiciaire, 21 procédures seraient actuellement en cours.

> Lire Les Kurdes en France, une communauté très active politiquement

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