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Tunisie : Amina quitte les Femen et les accuse d'islamophobie

La Tunisienne Amina Sboui, qui a passé deux mois et demi en prison en Tunisie après avoir peint le mot "Femen" sur le muret d'un cimetière de Kairouan, a annoncé mardi qu'elle quittait l'organisation féministe. Elle accuse le groupe d'être islamophobe et s'interroge sur son mode de financement.
Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Trois semaines après sa sortie d'une prison tunisienne, la militante Femen Amina Sboui a annoncé mardi sa décision de quitter le groupe. Alors que l'organisation féministe l'avait énormément soutenue au moment de sa détention, la jeune femme de 19 ans accuse aujourd'hui le groupe d'être islamophobe.

"Je n'ai pas apprécié l'action où les filles criaient 'Amina Akbar, Femen Akbar' devant l'ambassade de Tunisie en France, ou quand elles ont brûlé le drapeau du Tawhid [ndlr : un dogme fondamental de l'islam] devant la mosquée de Paris , a-t-elle expliqué à la version maghrébine du Huffington Post . Cela a touché beaucoup de musulmans et beaucoup de mes proches. Il faut respecter la religion de chacun. "

Certaines actions ont "aggravé mon cas "

Ces deux mobilisations avaient été menées alors que la jeune femme était emprisonnée après avoir peint mi-mai le mot Femen sur le mur d'un cimetière de Kairouan, à 150 kilomètres au sud de Tunis. Une action pour dénoncer un rassemblement de salafistes interdit par les autorités, et pour laquelle elle avait passé deux mois et demi en détention provisoire, avant d'être finalement liberée. Inculpée de "profanation de sépulture ", elle attend toujours son procès et risque deux ans de prison.

"Il y a eu de bonnes actions mais pas toute. Elle auraient dû se renseigner auprès de mes avocats avant de faire certaines actions. Cela a aggravé mon cas ", dénonce aujourd'hui la jeune femme.

Interrogations sur le mode de financement des Femen

L'autre raison de ce départ tient aux doutes de la jeune femme sur le mode de financement du groupe. "Je ne connais pas les sources de financement du mouvement. Je l'ai demandé
à plusieurs reprises à Inna
[ndlr : Shevchenko, la chef des Femen] mais je n'ai pas
eu de réponses claires. Je ne veux pas être dans un mouvement où il y a de
l'argent douteux
". Elle se demande si ce n'est pas "Israël qui finance les Femen ".

La jeune femme ne va pas cesser son militantisme pour autant : le 15 août, elle a publié une nouvelle photo d'elle seins nus sur les réseaux sociaux. Un cliché sur lequel on la voit allumer une cigarette à l'aide d'un cocktail Molotov. Amina Sboui réfléchit actuellement à rejoindre un autre groupe féministe, Feminism Attack .

Les Femen évoquent une trahison

Dans l'interview parue ce mardi, la jeune Tunisienne juge que sa décision pourrait ne pas être très "appréciée " du côté des Femen. Ce qui effectivement a été le cas. "Amina n'a pas trahi les Femen , écrit Inna Shevchenko sur Twitter mardi, elle a trahi les milliers de femmes qui se sont mobilisées pour elle durant sa campagne de soutien et grâce à qui elle est libre aujourd'hui. "


Trois militantes européennes avaient passé un mois en prison à Tunis pour avoir manifesté la poitrine dénudée
, première action de ce type dans le monde arabe. Amina Sboui a tout de même tenu à remercier les jeunes femmes pour leur soutien.

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