Bursa, cette métropole turque qui a basculé dans le camp de l'opposition aux élections municipales

La quatrième ville de Turquie a voté pour le CHP, le Parti républicain du peuple, après 22 ans de gestion par l'AKP, le parti du président Erdogan.
Article rédigé par Marie-Pierre Vérot - Hayati Basarslan
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La ville de Bursa, au nord-ouest du pays, a basculé dans l'opposition. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIOFRANCE)

C’était il y a une semaine, le dimanche 31 mars, quand un coup de tonnerre a retenti dans le paysage politique turc. Le parti d’opposition, le CHP, est passé devant celui du président Erdogan lors des élections municipales, une première. Le Parti républicain du peuple, son nom en français, dirige désormais les plus grandes villes, rassemblant les deux tiers de la population turque et 80% des recettes d’exportation. Franceinfo s’est rendue dans la métropole de Bursa, quatrième ville de Turquie, dans la région de Marmara au nord-ouest du pays. Ce grand centre industriel, qui a basculé dans le giron de l’opposition, est l’une des plus belles prises du CHP, après 22 ans de gestion de l’AKP, le parti du président Erdogan.

Berna, fidèle électrice de l’opposition n’en revient toujours pas. "Lundi matin j’étais tellement heureuse. Je ne m’attendais pas à un tel résultat. Lorsque je suis allée voter avec ma mère et ma famille, on était même un peu désespérés, parce qu’aucun d’entre nous ne se souvenait avoir remporté une seule élection", se souvient-elle. Son amie, Niher, a toujours soutenu le parti du président Erdogan. Elle a cette fois-ci glissé un bulletin CHP dans l’urne.

"On attendait un changement à Bursa, on en avait marre."

Niher, qui a voté pour le CHP lors des élections municipales

à franceinfo

"Les jeunes, notamment, ne veulent plus de ce gouvernement, ils se sentent oppressés, comme sous couvre-feu. Ils avaient l’impression qu’on leur volait leur vie… La religion est très importante pour nous mais elle ne doit pas empêcher la liberté. Et ces jeunes ils ont voté pour leur liberté", assure Niher. 

Fadil, qui s’apprête à entrer à l’université, est l'un de ces jeunes. "J’étais dégoûté de la politique depuis la réélection d’Erdogan. Il fallait surtout changer. Cette victoire de l’opposition a assommé le pouvoir et cela nous donne de l’espoir, pour plus de démocratie. La démocratie agonise en Turquie. Il fallait que le changement arrive ici mais aussi dans toute la Turquie", analyse Fadil.

"Nous mettons l'humain au cœur de notre travail", assure le nouveau maire

Le projet du candidat Mustafa Bozbey, le nouveau maire de Bursa, a aussi su séduire. Pendant cinq ans, il a été à la rencontre des femmes, des jeunes et des retraités pour le construire, prenant pour exemple Nilüfer, l’une des communes qu’il a longtemps dirigées.

Mustafa Bozbey, le nouveau maire de Bursa, en Turquie, élu en avril 2024. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIOFRANCE)

"Tout est important, les équipements sportifs, les centres culturels, les théâtres, les lieux d’échange, les bibliothèques, les pistes cyclables, les sentiers pédestres. Nous avons ici de nombreux parcs et des espaces verts. Nous avons mené une planification rigoureuse avant de les réaliser, assure-t-il. C'est ainsi que nous avons créé Nilüfer et que Nilüfer est une ville connue en Europe. Tout le monde nous envie. Nous mettons l’humain au cœur de notre travail." Une ville verte, culturelle et sociale : une recette gagnante à Bursa, comme dans le reste de la Turquie.

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