Municipales en Turquie : Recep Tayyip Erdogan concède une victoire historique de l'opposition, "un tournant" selon lui

Le scrutin de dimanche marque la pire défaite du président turc et de son parti islamo-conservateur, l'AKP, au pouvoir depuis 22 ans.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, salue ses partisans, au côté de sa femme, Emine Erdogan, après les élections municipales, le 1er avril 2024, à Ankara (Turquie). (ADEM ALTAN / AFP)

"Nous n'avons pas obtenu les résultats que nous souhaitions." Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a concédé "un tournant" pour son camp, dimanche 31 mars, après la victoire historique de l'opposition aux élections municipales. Le dépouillement de près de 99% des urnes à l'échelle nationale confirme que son parti islamo-conservateur, l'AKP, au pouvoir depuis 2002, a subi sa pire débâcle électorale en deux décennies. La proclamation des résultats définitifs est attendue lundi.

Le principal parti de l'opposition, le CHP, a revendiqué sa victoire à Istanbul et Ankara, les deux plus grandes villes de Turquie. Pour nombre d'observateurs, le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, très populaire, dispose désormais d'un boulevard vers la présidentielle 2028. Le CHP, formation sociale-démocrate, a raflé de nombreuses autres mairies, comme à Bursa, une importante cité industrielle du nord-ouest du pays, qui était acquise à l'AKP depuis 2004. Outre Izmir, troisième ville du pays et fief du CHP dans l'Ouest, et Antalya, dans le Sud, le premier mouvement d'opposition a réalisé une percée spectaculaire en Anatolie. Il fait la course en tête dans des chefs-lieux de provinces longtemps tenus par l'AKP, prenant de court les observateurs.

Erdogan promet de "respecter la décision de la nation"

"Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie", s'est félicité le chef du CHP, Ozgür Ozel. "Ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message clair à ceux qui dirigent ce pays", a abondé le maire CHP d'Ankara, Mansur Yavas. Depuis le siège de son parti à Ankara, devant une foule abattue et inhabituellement silencieuse, le président turc a promis de "respecter la décision de la nation". Résigné, il a évoqué les "quatre années de travail (...) à ne pas gaspiller" d'ici 2028, une manière d'écarter l'éventualité d'une élection anticipée qui lui permettrait de se représenter une nouvelle fois.

Recep Tayyip Erdogan, 70 ans, avait jeté tout son poids dans la campagne, en particulier à Istanbul, le "joyau" du pays, dont il fut le maire dans les années 1990 et qui a basculé dans l'opposition en 2019. Il avait enchaîné les meetings quotidiens, bénéficiant d'un temps d'antenne illimité sur les télévisions publiques, quand ses adversaires en étaient presque privés. Mais l'engagement du chef de l'Etat, qui a annoncé début mars que ces élections étaient "ses dernières", n'a pas suffi.

Les candidats de l'AKP se sont toutefois maintenus en tête dans plusieurs grandes villes d'Anatolie (Konya, Kayseri, Erzurum) et de la mer Noire (Rize, Trabzon), bastions du chef de l'Etat. Le parti pro-kurde DEM s'est, lui, assuré une confortable avance dans plusieurs grandes villes du Sud-Est à majorité kurde, dont Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.

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