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… Istanbul se dote d’un troisième pont sur le Bosphore

La Turquie, forte de deux ponts toujours embouteillés au-dessus du détroit du Bosphore, vient de lancer la construction d'un troisième pont. Des travaux pharaoniques censés donner la mesure du savoir-faire turc.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Erection des tours qui encadreront le troisième pont sur le Bosphore. (ATILGAN OZDIL / ANADOLU AGENCY)

Il fait partie des grands travaux lancés par la Turquie pour soulager la circulation, entre autres. Il s'agit du troisième ouvrage d'art à relier l’Asie à l’Europe. Pont à la fois routier et ferroviaire, il va, en enjambant le Bosphore, collectionner les records. Un coût estimé à 1,9 milliard d’euros, une longueur de 1875 mètres, une largeur de 59 mètres et encadré de part et d’autre de tours devant culminer à 322 mètres.

Situé au nord du détroit du Bosphore, il se distingue des deux autres ponts qui, eux, sont au sud. Alors que ces deux derniers sont en zone déjà urbanisée, celui-ci traverse une forêt protégée et passe sur des terrains de captage d’eau. Les détracteurs du projet lui reprochent d’être excentré et de mettre en danger un équilibre écologique. «Cette région est le poumon d’Istanbul, il y a beaucoup de forêt», explique un riverain sur Euronews, ajoutant : «Quand le vent souffle d’ici vers Istanbul, l’air de la ville est différent. Ils coupent beaucoup d’arbres, j‘espère qu’ils en replanteront.»

Dans le documentaire Ekümenopolis, l’architecte et journaliste Oktay Ekinci estime qu’il faut envisager l’ouvrage sous son aspect aménagement du territoire plus qu’en tant que pont. «Pendant longtemps, Istanbul s'est développée sur le tiers le plus au sud de cette bande. Les deux premiers ponts et leurs autoroutes ont ouvert à l'urbanisation le deuxième tiers. Dans le cas du troisième et dernier tiers, ce n'est pas tant le pont qui compte que ses autoroutes», dit-il.

Ceux qui s’insurgent contre cette construction y voient surtout une opération financière sur fond de malversations. Benoît Montabone, géographe à l’université de Rennes 2 et spécialiste de la Turquie, et Yoann Morvan de l’observatoire urbain d’Istanbul, s’inquiètent dans La Croix que ce pont vienne «légitimer toute une série de constructions illégales dans ces zones de forêts, et récompenser ceux qui ont contourné la loi pour investir dans des placements immobiliers qui vont in fine se révéler fort lucratifs. Le gouvernement projette en effet de vendre des titres de propriété de terrains forestiers à ceux qui les occupent illégalement, réalisant une grosse opération financière tout en amnistiant les contrevenants.»
 
Reflet de l’énergie nouvelle soufflant sur la Turquie, ce pont devrait, de plus, permettre aux athlètes des jeux olympiques d’été de 2020, d’être à 16 minutes de toutes les installations sportives. Seul détail, un peu contrariant, les JO d’été 2020 ont été attribués à... Tokyo!  


 
 

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