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Pour sauver la monnaie turque, Erdogan en appelle au patriotisme

La livre turque n’en finit pas de souffrir. Pour le seul mois de novembre 2016, elle a perdu 10% de sa valeur face au dollar. L’illustration d’une économie qui est à la peine. Erdogan appelle le pays à soutenir sa monnaie et à échanger des dollars contre des livres turques. Une opération soutenue par les petits commerçants.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Erdogan en appelle à la défense de la monnaie nationale. (Reuters)

Le Grand Bazar d’Istanbul est en crise, nous dit le site Turquie News. Selon la Fédération des commerçants, 600 boutiques sur les 3500 que compte le Bazar ont mis la clé sous la porte. Et le syndicat professionnel s’attend à un millier de fermetures supplémentaires. L’explication réside dans la crise touristique que traverse le pays. Entre les attentats, le putsch raté de juillet 2016 et la crise avec la Russie, la Turquie aurait perdu le quart de ses visiteurs par rapport à 2015, soit 25 millions de touristes.
 
Le Grand Bazar est en première ligne. Les paquebots ne font plus escale à Istanbul dans un climat sécuritaire. Les boutiques qui s’adressent à la clientèle étrangère souffrent le plus. Plus de la moitié des bijouteries ont ainsi fermé leur porte.
 
Istanbul n’est pas la seule à souffrir. Les exportations chutent, le déficit commercial se creuse et l’inflation atteint les 7%. Rien de bon pour la livre turque qui ne cesse de perdre de sa valeur.
Dès le lendemain du putsch, les capitaux ont commencé à quitter le pays écrit Libération. Les réserves en devises n’étant pas colossales, l’inflation ne peut être freinée qu’en augmentant les taux d’intérêt, malgré les appels du président Erdogan à faire le contraire.
 
Aussi a-t-il lancé un appel au patriotisme économique. La population est invitée à se débarrasser de ses dollars ou de ses euros et à acheter de la livre. Une invite qui ne s’adresse pas à la frange la plus modeste du pays peu susceptible de posséder des dollars. En revanche, la petite bourgeoisie, notamment les loueurs de logements qui se font payer en dollars, sont visés.
 
Les initiatives de soutien se multiplient notamment chez les commerçants, comme le montre le reportage de l’AFP. Kebbab gratuit et autres coupes de cheveux à moitié prix récompensent les plus patriotes.
 
 
Quelques poids lourds montrent l’exemple. Le ministère de la Défense a converti 262 millions de dollars et 31 millions d’euros. Mais l’opinion publique semble dubitative quant à l’effet de cette politique nationaliste.

Pour l’heure, il  n’y a pas de pression, mais le ton pourrait changer rapidement. «Si tu aimes cette patrie, cette nation, alors toi aussi passe à la livre turque. Je vois cela comme un devoir», a lancé Erdogan lors d’un discours.

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