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Surprise au Conseil de Sécurité: la Turquie écartée
Déception et désaveu pour la Turquie lors de l'élection de cinq nouveaux membres non-permanents au Conseil de Sécurité de l'ONU pour la période 2015-2016, jeudi 16 octobre. Alors que le siège semblait lui être promis, le vote est allé à la candidature espagnole. Une forte remise en question pour la diplomatie d'Ankara, sur fond de valse-hésitation face à Daech.
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La Turquie célébrait déjà sa victoire. Le mercredi 15 octobre, le ministre des affaires étrangères turc Mevlüt Cavusoglu tenait sa dernière soirée de lobbying à l'hôtel Waldorf Astoria de New-York, au cours de laquelle toutes les délégations présentes annonçaient fermement leur intention de donner leur voix à Ankara pour l'un des deux sièges réservés au « bloc Occidental ». Au total, 160 pays sur 193 s'étaient déclarés favorables à la Turquie. Avec la Nouvelle-Zélande, qui a effectivement remporté une majorité écrasante lors du premier tour de vote, le pays était le grand favori du scrutin.
Retournement de situation
Mais les bulletins ne sont pas secrets pour rien et il n'est pas inhabituel dans l'Assemblée New-yorkaise qu'une déclaration de soutien publique ne se transforme en opposition dans les urnes. Après deux tours de vote indécis, c'est finalement l'Espagne qui est parvenue à obtenir 132 votes de l'Assemblée (l'élection d'un membre non-permanent du Conseil de Sécurité doit se faire par plus des deux tiers des voix). La Turquie était largement battue avec 60 voix.
Après le vote, le ministre des affaires étrangères espagnol José-Manuel Garcia-Margallo a tenté de panser les plaies turques en déclarant: "La Turquie, notre partenaire de l'Alliance des civilisations, doit savoir qu'elle a maintenant un fidèle allié au Conseil de Sécurité." Piètre consolation.
Il reste maintenant à comprendre le pourquoi de cette déroute imprévue pour la diplomatie du président Erdogan. Avant toute chose, expliquent les observateurs, ce renversement de situation s'est joué à New-York, entre diplomates. Newsweek fait état de campagnes de lobbying intenses au profit de l'Espagne de la part des rivaux de la Turquie. La Grèce, mais aussi l'Iran et la Syrie, ont tout fait pour éviter de voir Ankara asseoir un peu plus son statut de puissance régionale.
Mais c'est peut-être à Kobané et sur la frontière turco-syrienne que la pièce s'est jouée. Le refus la Turquie de s'engager contre l'Etat Islamique passe mal auprès des diplomaties occidentales. Les récentes déclarations du président Erdogan, pour qui « l'Etat Islamique et le PKK, c'est pareil » et les rumeurs d'attaques de l'armée turque contre des militants kurdes n'ayant pas arrangé la position d'Ankara. L'Espagne serait apparue comme une solution de repli, plus sûre dans la situation actuelle.
La question des droits de l'Homme
Les trois sièges restants ont été conquis sans opposition par l'Angola pour l'Afrique, la Malaisie pour l'Asie et le Vénézuela pour les Amériques. Ce dernier s'est attiré un communiqué agressif de la représentante des Etats-Unis à l'ONU, Samantha Power, déclarant: « Le comportement du Vénézuela et son bilan en matière de droits de l'Homme font affront à la charte des Nations Unis. Les Etats-Unis continueront à demander au gouvernement vénézuelien de respecter les droits fondamentaux de son peuple. »
La mandature 2015-2016 du Conseil de Sécurité ne sera donc pas de tout repos, mais l'absence de la Turquie devrait au moins faciliter les tractations qui concerneront directement le Moyen-Orient.
Retournement de situation
Mais les bulletins ne sont pas secrets pour rien et il n'est pas inhabituel dans l'Assemblée New-yorkaise qu'une déclaration de soutien publique ne se transforme en opposition dans les urnes. Après deux tours de vote indécis, c'est finalement l'Espagne qui est parvenue à obtenir 132 votes de l'Assemblée (l'élection d'un membre non-permanent du Conseil de Sécurité doit se faire par plus des deux tiers des voix). La Turquie était largement battue avec 60 voix.
Après le vote, le ministre des affaires étrangères espagnol José-Manuel Garcia-Margallo a tenté de panser les plaies turques en déclarant: "La Turquie, notre partenaire de l'Alliance des civilisations, doit savoir qu'elle a maintenant un fidèle allié au Conseil de Sécurité." Piètre consolation.
Il reste maintenant à comprendre le pourquoi de cette déroute imprévue pour la diplomatie du président Erdogan. Avant toute chose, expliquent les observateurs, ce renversement de situation s'est joué à New-York, entre diplomates. Newsweek fait état de campagnes de lobbying intenses au profit de l'Espagne de la part des rivaux de la Turquie. La Grèce, mais aussi l'Iran et la Syrie, ont tout fait pour éviter de voir Ankara asseoir un peu plus son statut de puissance régionale.
Mais c'est peut-être à Kobané et sur la frontière turco-syrienne que la pièce s'est jouée. Le refus la Turquie de s'engager contre l'Etat Islamique passe mal auprès des diplomaties occidentales. Les récentes déclarations du président Erdogan, pour qui « l'Etat Islamique et le PKK, c'est pareil » et les rumeurs d'attaques de l'armée turque contre des militants kurdes n'ayant pas arrangé la position d'Ankara. L'Espagne serait apparue comme une solution de repli, plus sûre dans la situation actuelle.
La question des droits de l'Homme
Les trois sièges restants ont été conquis sans opposition par l'Angola pour l'Afrique, la Malaisie pour l'Asie et le Vénézuela pour les Amériques. Ce dernier s'est attiré un communiqué agressif de la représentante des Etats-Unis à l'ONU, Samantha Power, déclarant: « Le comportement du Vénézuela et son bilan en matière de droits de l'Homme font affront à la charte des Nations Unis. Les Etats-Unis continueront à demander au gouvernement vénézuelien de respecter les droits fondamentaux de son peuple. »
La mandature 2015-2016 du Conseil de Sécurité ne sera donc pas de tout repos, mais l'absence de la Turquie devrait au moins faciliter les tractations qui concerneront directement le Moyen-Orient.
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