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Qui est Varg Vikernes, néonazi norvégien arrêté en Corrèze ?

Cette figure du black metal est en garde à vue. Il est soupçonné d'avoir voulu préparer "un massacre", même s'il n'y avait "ni cible ni projet identifié", selon Manuel Valls. Portrait.

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Varg Vikernes en prison, en 2009. (RUSTEM ADAGAMOV / WIKIMEDIA COMMONS)

Figure du black metal avec son projet solo Burzum, le Norvégien Varg Vikernes a été interpellé dans sa ferme en Corrèze, mardi 16 juillet à l'aube, et placé en garde à vue. Ce néonazi est soupçonné d'avoir voulu perpétrer "un massacre". Le parquet antiterroriste de Paris a été saisi.  

Un terroriste potentiel 

Varg Vikernes "était susceptible de préparer un acte terroriste d'envergure", affirme le ministère de l'Intérieur."Proche de la mouvance néonazie", il constituait "une menace potentielle pour la société, comme l'atteste la violence de ses propos interceptés notamment sur le web", précise le ministère dans un communiqué. Il n'avait toutefois "ni cible, ni projet identifié", a déclaré plus tard dans la journée Manuel Valls.

Il était installé dans l'Hexagone depuis 2009, après son mariage avec Marie Cachet, une Française avec qui il a eu trois enfants. Sa femme "venait d'acheter quatre fusils en toute légalité, elle est inscrite dans un club de tir", précise RTL. En 2012, ils avaient réalisé un court-métrage ensemble, ForeBears (Ancêtres).

Une figure du black metal emprisonnée 15 ans pour meurtre

Varg ("loup" en norvégien) Vikernes, né Kristian, 40 ans, avait été condamné en 1993 à vingt et un ans de prison pour le meurtre d'Øystein Aarseth, alias Euronymous, guitariste du groupe Mayhem, avec qui il s'était lié d'amitié puis fâché. Selon un blog hébergé sur la plateforme Metal-Blogs, il lui aurait asséné vingt-trois coups de couteau. L'homme est remis en liberté surveillée le 24 mai 2009, après quinze ans de prison.

Dans la version des faits qu'il raconte sur son site internet (en anglais), Vikernes dément toute lutte de pouvoir ou problème d'argent à l'origine de son geste et accuse le guitariste d'avoir essayé de le tuer. Une vidéo rappelle qu'il avait accueilli le verdict avec un sourire.

Un néonazi, paganiste et raciste

Selon RTL, Varg Vikernes fait partie des 530 sympathisants à avoir reçu le manifeste d'Anders Breivik. Pour autant, sur son site (en anglais), il se moque du "soi-disant Grand Sacrifice" de l'auteur de la tuerie d'Oslo. "Pauvre Breivik qui ne peut pas jouer à World of Warcraft depuis sa luxueuse cellule, ironise-t-il. Je ne peux que souhaiter que tu te tues." Et Varg l'interpelle : "Tu as tué plus de Norvégiens que les musulmans dont (…) tu prétends nous protéger des crimes."

"Il joue l’extrémisme le plus radical dans toutes les facettes de sa vie", écrit Radio Metal en préambule de son interview de "l'homme qui savait se faire détester". Et de préciser que certains passages ont dû être retirés, car tombant sous le coup de la loi contre l'incitation à la haine raciale ou religieuse. En effet, Vikernes répète à l’envi son dégoût pour les "races inférieures". Il affirme aussi : "Je me battrais, tuerais et mourrais volontiers pour la France et le peuple français, votre nation est européenne et vous êtes comme l’un de mes frères, mais comment le pourrais-je alors que vous vous moquez complètement de vous battre pour votre pays vous-mêmes ?"

Sur son site, en 2011, il lance, en français, un appel à voter Front national en ces termes : "Vos campagnes sont belles, mais seulement parce qu'elles sont encore peu touchées par la masse de l'immigration." 

Farouchement antichrétien, adepte de la religion néopaïenne nordique Ásatrú et du dieu Odin, il revendique l'incendie de plusieurs églises. Pour lui, "le christianisme est la source de tous les problèmes du monde moderne" et est intrinsèquement "lié aux Juifs". Et de qualifier lui-même ses idées de "satanistes, nationalistes, racistes, racialistes (...) et même nazies", en expliquant que les nazis allemands se seraient "comportés de façon exemplaire au Danemark et en Norvège".

"Je n’ai aucune confiance en ce qu’on appelle la 'démocratie'", explique-t-il encore en appelant à la "révolution populaire". "Lorsque ta vie est menacée ou lorsque la survie de ta nation est menacée, tu as le droit de te défendre et violemment si cela est nécessaire", assène Vikernes à Radio Metal.

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