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Argentine: le président Macri en passe de solder les mauvais comptes de Kirchner

Après l'accord historique entre l'Argentine et les principaux fonds «vautours», qui avaient saisi la justice américaine pour obtenir leur remboursement, il reste au Parlement à donner son feu vert. Minoritaire dans les deux Chambres, le président Macri (centre droit) a besoin de ce soutien pour définitivement solder la dette héritée de 2001, que l'ex-présidente Kirchner traînait comme un boulet.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le nouveau président argentin Mauricio Macri accueilli par des supporters devant le Congrès à Buenos Aires, le 1er mars 2016, lors de l'ouverture de la 134e session parlementaire. (Marcos BRINDICCI / REUTERS)

Il aura fallu trois petits mois au nouveau président libéral argentin pour éclaircir le ciel économique de son pays. Ancien homme d'affaires, le millionnaire Mauricio Macri, 57 ans, élu en décembre 2015 pour remplacer la péroniste Cristina Kirchner (2007-2015), a fait un pas de géant dans le règlement du conflit qui opposait l'Argentine aux fonds «vautours» depuis quinze ans, en aboutissant à un accord inespéré.

En indemnisant avec une décote de 25% des fonds spéculatifs détenteurs de 7% de sa dette, l'Argentine a aujourd'hui l'occasion de tourner une page, de redevenir un pays intégré au modèle économique international et de lever des fonds sur les marchés de capitaux.

L'Argentine va devoir débourser 6,5 milliards de dollars
Pour les fonds vautours, certes, c'est une victoire spectaculaire. Le fonds NML du milliardaire Paul Singer, chef de file de la bataille judiciaire contre le pays sud-américain, devrait toucher plusieurs centaines de millions de dollars pour un investissement de 48 millions en 2008, quand il a racheté à prix cassé des titres en défaut.

Avec l'accord de principe conclu le 29 février 2016 entre l'Argentine et les principaux fonds spéculatifs, Buenos Aires devra payer à l'ensemble de ces fonds environ 6,5 milliards de dollars pour solder la dette, selon le ministre argentin des Finances et du Budget, Alfonso Prat-Gay.

Pour trouver l'argent, le pays «envisage» de retourner sur les marchés financiers pour lever des fonds, a annoncé le gouvernement.
 
Comme l'a souligné le président Macri lui-même devant le Congrès «ne pas résoudre ce conflit a coûté cher à l'Argentine», sous-entendu, le résoudre vaut bien quelques sacrifices.

Rallier les partis d'opposition
Mais, pour que l'accord puisse être concrètement signé entre Buenos Aires et les fonds procéduriers, les parlementaires argentins doivent abroger deux lois votées sous l'ère Kirchner et approuver les termes de l'accord. «Il appartient désormais au Congrès de décider si nous finissons ou pas avec ce conflit de 15 ans», a encore déclaré M.Macri dans son discours devant les législateurs, le premier de son mandat qui a débuté le 10 décembre.

Minoritaire dans les deux Chambres, Macri a bon espoir de rallier les partis d'opposition, notamment son rival malheureux lors de la présidentielle et ami d'enfance Daniel Scioli, péroniste dissident.

Pour l'exécutif argentin, il s'agit d'obtenir un vote rapidement afin de pouvoir signer l'accord définitif dans les six semaines au maximum.

Le FMI et le Département américain du Trésor ont chacun applaudi à cette perspective, impensable sous les présidents de gauche Nestor puis Cristina Kirchner, farouchement hostiles à toute négociation avec les fonds vautours et, par voie de conséquence, à toute résolution du litige. 

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