Un an après les attentats, Boston se réapproprie fièrement son marathon
Près de 36 000 personnes ont couru dans les rues de la ville, lundi. Les mesures de sécurité ont été renforcées, avec plus de 3 500 policiers mobilisés, deux fois plus que l'an dernier.
Acclamés par des dizaines de milliers de spectateurs, près de 36 000 coureurs ont participé au célèbre marathon de Boston, lundi 21 avril, se réappropriant fièrement cette grande fête sportive, un an après le double attentat de 2013. Ajoutant à la fête, la course a été remportée chez les hommes pour la première fois depuis 1983 par un Américain, Meb Keflezighi, né en Erythrée.
Les mesures de sécurité avaient été renforcées, avec notamment plus de 3 500 policiers mobilisés, deux fois plus que l'an dernier. Des contrôles de sécurité étaient installés tout le long du parcours, en plus de dizaines de caméras de surveillance. "Nous voulons montrer que l'esprit du coureur est très résistant et fort. Cette année nous revenons plus nombreux et meilleurs que jamais", a déclaré AmbyBurfoot, 67 ans, vainqueur de la course en 1968, qui n'avait pas pu terminer l'an dernier en raison du double attentat près de la ligne d'arrivée.
En milieu de journée, la foule était telle que la police a annoncé qu'elle fermait la rue Boylston, où se terminait le marathon.
Sous un soleil radieux, la journée a commencé par une minute de silence à 08h45 (14h45, heure de Paris) en hommage aux trois personnes tuées et 264 blessées l'an dernier, par l'explosion de deux bombes artisanales déposées par deux frères d'origine tchétchène. Sur la ligne d'arrivée, un petit mémorial, décoré de chaussures de course et de fleurs, a été installé en mémoire des victimes. "Nous ne les oublierons jamais", a écrit une main anonyme dans un coeur rouge sur une carte, accompagnée de quatre petites croix : trois pour les morts du marathon, et une quatrième pour un policier tué dans leur fuite par les auteurs du carnage, Tamerlan et DjokharTsarnaev.
Au total, 9 000 coureurs de plus que l'an dernier étaient inscrits, soit la deuxième plus forte participation jamais enregistrée pour le plus vieux marathon du monde, disputé sans interruption depuis 1897. Le record absolu, 38 708 coureurs, datait de 1996, pour la 100e édition de la course.
La fierté de la ville s'est affichée sur de nombreux tee-shirts, banderoles et panneaux clamant "Boston Strong" ("Boston, forte") sur le parcours, mais aussi devant les magasins, hôtels et restaurants. Le vainqueur de la course, Meb Keflezighi (temps officieux de 2h08 min et 37sec) portait le prénom des quatre victimes écrit sur son dossard. Chez les femmes, la Kényane Rita Jeptoo a triomphé (temps officieux de 2h18 min et 57sec), remportant sa troisième victoire dans la capitale du Massachusetts après 2006 et 2013.
Après les attentats, une quinzaine de blessés avaient du être amputés l'an dernier. Plusieurs étaient revenus lundi près de la ligne d'arrivée, dont Jeff Bauman, amputé des deux jambes, avec sa fiancée. Conjurant la peur, Heather Abbott, amputée en dessous du genou, devait y être aussi, pour applaudir Peter Riddle et Erin Chatham, deux inconnus devenus des amis, qui s'étaient portés à son secours, et couraient cette année pour la première fois.
Des deux auteurs des attentats, qui vivaient depuis plusieurs années à Boston et ont affirmé avoir agi seuls, un seul est encore en vie. L'aîné des frères, Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, avait été tué le 19 avril, quatre jours après les attentats, après une course poursuite avec la police. Djokhar, 19 ans à l'époque, sera arrêté, grièvement blessé, quelques heures plus tard. Inculpé notamment d'attentat, il doit être jugé le 3 novembre et encourt la peine de mort.
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