Cet article date de plus de sept ans.

Charlottesville : quatre initiatives des "géants" du web pour lutter contre les groupes suprémacistes et les néonazis

Suspension de sites, suppressions de morceaux ou désactivation de comptes : les grandes entreprises américaines de l'internet ont pris de nombreuses mesures pour contrer les groupes haineux d'extrême droite depuis l'attaque de Charlottesville. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un employé de la firme Facebook, à Berlin en Allemagne, le 10 juillet 2017. (SOEREN STACHE / DPA / AFP)

Ils sont en train de faire place nette. Depuis le début de la semaine, les "géants" américains de l'internet se joignent progressivement à la mobilisation contre les suprémacistes blancs et les groupes néonazis aux Etats-Unis. Alors qu'une femme a été tuée le 12 août par un militant d'extrême droite qui a foncé dans une foule de contres-manifestants à Charlottesville, en Virginie, plusieurs entreprises ont pris des mesures. Elles tentent de limiter les discours haineux sans contrevenir à la liberté d'expression. Franceinfo vous liste quatre d'entre elles. 

1Spotify supprime des morceaux suprémacistes

"Je viens juste de trouver 37 groupes haineux de suprémacistes blancs sur Spotify", écrit un journaliste du site Digital Music New, le 14 août. La plateforme d'écoute de musique en ligne hébergeait des morceaux dont les propos contribuaient à la propagation de thèses racistes, selon l'organisation de surveillance de l'extrême droite américaine Southern Poverty Law Center.

Ces morceaux épinglés par l'organisation ont été retirés du catalogue en ligne. Un porte-parole de Spotify a déclaré au magazine Billboard que des mesures avaient été prises pour supprimer l'ensemble des morceaux problématiques. "Nous ne tolérons aucun contenu qui prône la haine, ou incite aux violences racistes, contre la religion ou la sexualité", explique-t-il. Le site réfléchit à de nouveaux outils pour améliorer sa modération. 

Cependant, la plateforme de streaming explique que la plupart des groupes dénoncés comme "prônant la haine" sont "marginaux", suivis et écoutés par peu d'utilisateurs. 

2Airbnb désactive des comptes d'utilisateur

De nombreux sites ont mis en place des mesures pour empêcher aux suprémacistes blancs de se rassembler. C'est le cas du site d'hébergement Airbnb. La plateforme, qui permet de louer un logement de manière ponctuelle, a désactivé les comptes de plusieurs utilisateurs qui devaient se rendre, samedi 12 août, au rassemblement de Charlottesville.

Dans un communiqué transmis par le site au Washington Post, il est expliqué que les utilisateurs doivent respecter les autres "quelle que soit leur race, religion, nationalité, ethnie, handicap, sexe, identité de genre, orientation sexuelle ou âge". Des critères qui avait déjà valu la suspension d'un internaute qui avait refusé une réservation parce que la cliente était noire, rapporte Le Monde.

"Quand nos processus de vérification ou la communauté nous permettent d’identifier des personnes dont le comportement sur la plateforme contrevient à nos règles, nous agissons comme il le faut, ce qui inclut, comme dans ce cas précis, de les exclure de la plateforme", est-il expliqué à propos de Charlottesville. Sans préciser le nombre d'utilisateurs concernés par cette suspension. 

3Les hébergeurs suspendent des sites

Dans le viseur des "géants" du web, on trouve le site Daily Stormer, tenu par un suprémaciste blanc et néonazi. L'une des publications insulte la femme présente dans la foule de contre-manifestants et tuée samedi par un automobiliste. Cloudflare, spécialiste de la sécurité en ligne a annoncé qu'il cessait de fournir ses services à Daily Stormer. "Je me suis réveillé de mauvaise humeur ce matin et j'ai décidé de les expulser d'internet", a écrit le fondateur et directeur général de Cloudflare, Matthew Prince, dans un e-mail à ses employés.

Selon l'agence Reuters d'autres fournisseurs de domaines comme Google Domains, filiale d'Alphabet, et GoDaddy ont annoncé qu'ils révoquaient son nom de domaine. Le Daily Stormer est cependant toujours accessible par d'autres moyens, explique le Guardian.

Ce n'est pas le seul site à avoir été suspendu. L'Express rapporte que l'hébergeur Wordpress a aussi pris des mesures : le site d'une organisation d'extrême droite baptisée Vanguard America, dont l'auteur de l'attaque était membre, a ainsi été suspendu pour "non-respect des règles" de la plateforme.

4Les réseaux sociaux ferment les espaces de discussion

D'autres grandes entreprises ont décidé d'agir : Facebook a supprimé plusieurs pages associées aux groupes haineux, dont la page d'un événement Unite the Right de Charlottesville. "En raison de la possibilité de nouveaux rassemblements, nous suivons la situation de manière attentive et supprimerons les menaces de préjudice physique", a écrit mercredi le patron de Facebook, Mark Zuckerberg.

La plateforme Reddit, qui revendique 250 millions d'utilisateurs, a supprimé un des forums de discussions qui a soutenu Unite the Right, en disant qu'il écarterait tous ses utilisateurs incitant à la violence. Discord est une autre plateforme à avoir désactivé un salon de discussions et plusieurs comptes "associés aux événements de Charlottesville", explique Le Monde

Twitter a, pour sa part, suspendu mercredi les comptes liés à Daily Stormer (lire ci-dessus). Le réseau a précisé qu'il ne s'exprimerait pas sur les cas particuliers, mais au moins trois comptes liés à Daily Stormer renvoyaient vers des pages affichant "compte suspendu".

Enfin, GoFundMe, une plateforme de financement participatif, a supprimé des cagnottes destinées à récolter des fonds pour le conducteur de la voiture qui a tué une contre-manifestante en fonçant dans la foule.

La plupart des liens proposés dans cet article sont en anglais.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.