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Dôme de chaleur aux Etats-Unis : des phénomènes "directement liés au changement climatique" selon un climatologue

On a relevé un record de 46,1 degrés lundi 28 juin à l'aéroport de Portland aux Etats-Unis.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Des habitants de Portland aux Etats-Unis dorment dans un espace climatisé d'une capacité de 300 personnes à l'Oregon Convention Center le 27 juin 2021. (NATHAN HOWARD / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Les "dômes de chaleur", qui frappent actuellement le grand ouest du Canada et des Etats-Unis, sont des phénomènes "exceptionnels pour cette région", a expliqué mardi 29 juin sur franceinfo Robert Vautard, météorologue et climatologue, directeur de recherches au CNRS et directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace des sciences du climat. De nouveaux records ont été enregistrés dans ces régions : 46,1 degrés Celsius à l'aéroport de Portland lundi 28 juin après-midi (après un record de 44,4 degrés la veille) et 41,6 degrés à celui de Seattle, selon les relevés effectués par le service météorologique américain (NWS). Selon Robert Vautard, "ces phénomènes sont directement liés au changement climatique". Il affirme que ces vagues de chaleur "augmentent d'une façon très inquiétante" par rapport à ce que l'on connaissait au vingtième siècle.

franceinfo : Qu'est-ce qu'un dôme de chaleur, comme le connaissent ces régions ?

Robert Vautard : Un dôme de chaleur est une image pour représenter une vague de chaleur. C'est une structure très, très chaude, avec des températures exceptionnelles, et qui s'accompagne aussi d'un autre phénomène. Comme dans l'océan, il y a des vagues aussi dans l'atmosphère. On les voit moins, bien sûr, mais lorsque la vague est en haut, l'atmosphère est plus épaisse, en quelque sorte, et on parle d'un dôme de chaleur. Mais c'est une image. C'est une représentation qui est un peu problématique, au sens où l'on n'est pas vraiment sous cloche. L'air continue de bouger. Mais ce qui est certain, c'est que les chaleurs sont absolument exceptionnelles pour cette région. Cela fait quelques jours que cela dure et cette région n'est pas du tout habituée à ce type de phénomène. On le voit un peu partout dans le monde. On le voit en Sibérie. On le voit aussi au Canada. On le voit dans des régions où on n'a pas du tout l'habitude. En Europe centrale, on voit ce type de phénomène. En France, à Paris, on a eu 43 degrés il y a deux ans, avec le même type de phénomène. Que l'on appelle cela vague de chaleur ou dôme de chaleur, c'est la même chose : des températures tout à fait exceptionnelles et dont l'intensité qui augmente.

Ces phénomènes sont-ils le résultat du réchauffement climatique ou n'est-ce qu'une impression ?

C'est bien plus qu'une impression. On sait aujourd'hui que ces phénomènes sont directement liés au changement climatique par le fait que les intensités des vagues de chaleur, qui étaient bien moins importantes au vingtième siècle, augmentent d'une façon très inquiétante. On parle d'un degré et demi à trois degrés de réchauffement pour les vagues de chaleur, alors que le réchauffement mondial aujourd'hui est d'environ 1,2 degré, par rapport à l'ère préindustrielle. Donc cela va en gros une fois et demie à deux fois plus vite.

Ces phénomènes sont-ils plus violents, plus fréquents ?

Le changement climatique s'accompagne d'un ensemble de phénomènes. Les vagues de chaleur en sont la manifestation la plus flagrante en été. De plus, il y a des phénomènes d'amplification. Lorsque les températures sont très élevées, elles assèchent les sols. Et les sols secs amplifient les températures vers le réchauffement. Donc, on a un phénomène d'accélération de ces vagues de chaleur en été. Mais on le voit aussi en hiver. Les températures sont plus douces l'hiver et on a un ensemble de phénomènes qui accompagnent le réchauffement climatique.

Les orages de grêle, qui ont par exemple touché la région de Moscou, sont-ils aussi liés au réchauffement ?

On est beaucoup plus prudents sur ces phénomènes-là. Les phénomènes orageux sont de toute petite échelle. Et on n'est pas à même aujourd'hui, avec nos modèles de climat, de pouvoir les résoudre explicitement. Néanmoins, il y a les lois de la physique qui nous disent qu'avec un air plus chaud, on a plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Et lorsque cela descend, il en descend plus. Et pour le moment, les observations ne contredisent pas du tout ce phénomène. Donc, on a tout lieu de penser que l'augmentation émergente de ces pluies extrêmes et de ces orages extrêmes est liée aussi au changement climatique.

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