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Fusillade d'Uvalde : une entreprise propose des drones armés de Taser pour protéger les écoles... Avant d'abandonner

Après la mort de 19 enfants dans la ville du Texas, l'américain Axon a communiqué sur un système de surveillance permettant de taser les individus armés qui entreraient dans un établissement scolaire. Devant les réticences de son conseil d'éthique, l'entreprise a renoncé.

Article rédigé par Sébastien Paour
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une modélisation du projet de drone imaginé par la société américaine Axon. (AXON)

La tragédie d’Uvalde, cette ville du Texas où 21 personnes, dont 19 enfants, ont été abattues par un jeune homme de 18 ans le 24 mai dernier, a traumatisé les États-Unis. Alors que les démocrates militent pour un meilleur contrôle des armes à feu, une partie des Républicains cherche d’autres solutions pour ne pas remettre en cause le second amendement - qui garantit à tout citoyen américain le droit de détenir des armes. On a entendu par exemple l’idée de couvertures pare-balles dans les classes ou de pièges posés dans les couloirs des écoles. Axon, la société qui fabrique les Taser, a une autre proposition : des Taser installés…sur des drones.

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L'entreprise a eu cette idée avant la tuerie d’Uvalde mais l’a évoquée après la tragédie. C’est le patron d’Axon, Rick Smith, qui en a parlé dans un tweet posté une semaine après le drame. Son idée : des drones installés dans les salles de classe, accrochés à un détecteur de fumée par exemple. En parallèle, un réseau de caméras observées par des humains et de l’intelligence artificielle surveilleraient les couloirs et les environs de l’école pour alerter en cas d’intrusion. Il suffirait alors de déclencher le drone qui taserait le ou les individus armés dans l’établissement. Ce drone pourrait être piloté par un humain ou même être autonome.

L’un des arguments de Rick Smith, c’est que les politiciens n’ont pas trouvé de solution efficace pour stopper ces fusillades. En tant que père de famille, il a expliqué à la BBC (article en anglais) qu’il voulait donc proposer quelque chose. Outre le relatif cynisme à faire cette proposition une semaine après la tragédie, ces drones Taser posent un certain nombre de problèmes. Un tout simple : comment ces drones se déplaceront-ils si les portes sont fermées par exemple ? Autre question : si c’est l’instituteur ou l’institutrice qui pilote le drone, que se passe-t-il si il ou elle manque la cible et blesse un élève ?

Aucun débouché politique pour le moment

Le comité d’éthique d’Axon, qui comprend 14 personnes, avait déjà planché sur le sujet il y a un an et voté contre l’idée le mois dernier. Le fait que Rick Smith en parle publiquement alors que son propre comité d’éthique a dit non, interroge. Le patron assure que les policiers avec qui il en a discuté sont plutôt favorables au projet. L’une des inquiétudes, c’est justement que la police se serve de ces drones Taser ailleurs que dans le cadre proposé d’une école. Pourquoi ne pas imaginer qu’elle les utilise pour le maintien de l’ordre lors de manifestations ?

Pour le moment, la proposition d'Axon n'a débouché sur rien de concret. Dimanche, l'entreprise a même annoncé que le projet était suspendu. Peut-être parce que deux tiers des membres du conseil d’éthique ont annoncé leur démission. Sur le long terme, cette pause ne garantit rien. L’idée est dans l’air maintenant et elle ressortira peut-être à la prochaine fusillade dans une école.

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