Incendies à Los Angeles : trois questions sur les feux en Californie et leurs liens avec le réchauffement climatique
Des feux hors de contrôle. La ville de Los Angeles est confrontée aux pires incendies de son histoire. Ces feux, qui ont fait au moins cinq morts, continuent de ravager, jeudi 9 janvier, la Cité des anges et sa région dévorant maisons et véhicules. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées notamment dans le quartier d'Hollywood.
Les deux foyers principaux, Pacific Palisades et Eaton, avec 1 000 bâtiments détruits chacun, sont déjà les deux les plus destructeurs de l'histoire du comté de Los Angeles, selon les données des pompiers de Californie. Franceinfo répond à trois questions sur les incendies destructeurs qui sévissent particulièrement dans cet État de la côte ouest des États-Unis en raison du réchauffdement climatique.
1 Les incendies en Californie sont-ils en augmentation ?
Au fur et à mesure que les années passent, la Californie est de plus en plus victime d'incendies violents. C'est ce que montrent très clairement les données des pompiers de Californie. Si le nombre de départs de feux reste stable depuis une trentaine d'années - entre 7 000 et 8 000 incendies par an dans l'État -, en revanche, la surface brûlée est en très forte hausse. Entre 1990 et 2000, en moyenne 150 000 hectares brûlaient chaque année en Californie. Cela a presque doublé dans la décennie suivante avant d'exploser entre 2010 et aujourd'hui. En moyenne, chaque année 400 000 hectares partent en fumée en Californie, c'est-à-dire presque trois fois plus qu'il y a trente ans avec ces dernières années des incendies particulièrement extrêmes.
Ces incendies hors normes sont appelés "mégafeux". Il y en a eu en 2020 et 2021. Ces deux années-là, presque 2,8 millions hectares sont partis en fumée en Californie. Pour vous donner une idée de l'immensité de l'incendie, cela représente l'équivalent de la Normandie. Ces feux XXL ont souvent lieu dans l'Ouest américain, ou il y a beaucoup de grands espaces, des parcs nationaux et peu d'habitations. Mais parfois ils atteignent les villes comme Los Angeles comme en ce moment. Cela avait été le cas aussi en 2018 ou deux villes californiennes avaient été rayées de la carte après le passage d'un incendie.
2 Pourquoi ces feux sont de plus en plus violents ?
Cela est lié au réchauffement climatique. La Californie est de plus en plus touchée par ses effets. L'État le plus peuplé des États-Unis est en effet ce qu'on appelle un "hot spot", un "point chaud" du dérèglement climatique. C'est-à-dire qu'il se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale. Selon l'agence californienne de protection de l'environnement, la température a déjà grimpé de plus de 2°C depuis le début du siècle dernier et selon les projections les plus pessimistes cette hausse pourrait atteindre 5°C d'ici la fin du siècle.
La Californie est en ce mois de janvier confrontée à des conditions inédites et idéales pour la propagation des feux : un tiers du territoire est en état de sécheresse. C'est le cas notamment de Los Angeles où n'a plu que quatre millimètres d'eau ces six derniers mois, très loin des normales de saison. Ce qui rend aussi exceptionnel cet incendie en cours, c'est qu'en plus d'être tout près d'une grande ville, il a lieu en plein hiver, alors que d'habitude les feux les plus importants se déroulent plus tard, au moment de l'été.
L'épisode actuel reste néanmoins loin des dégâts provoqués en novembre 2018 par la série de feux les plus destructeurs de l'histoire de la Californie. Plus de 20 000 bâtiments avaient été mangés par les flammes, essentiellement dans l'incendie "Camp Fire", qui avait sévi au nord de Sacramento.
3 La Californie est-elle une exception ?
Non, l'été 2024, la prestigieuse revue Nature publiait une étude sur le sujet : le nombre et l'intensité des feux de forêts les plus extrêmes ont plus que doublé depuis vingt ans. L'ouest des États-Unis, mais aussi les forêts boréales de l'Alaska, du nord du Canada et de la Russie figurent parmi les plus touchés. Le principal auteur de cette étude, chercheur australien, se dit lui-même surpris et alarmé par ces résultats.
L'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, au-dessus du seuil symbolique de l'accord de Paris de 1,5°C de réchauffement. Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint des sommets avec 37 milliards de tonnes de CO2, un record.
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