La Floride, Etat-clé à l’heure des votes par anticipation
Plus de onze millions d'électeurs américains, dont Barack Obama à Chicago, ont déjà voté par anticipation dans trente et un Etats et à Washington, montrait un dernier décompte réalisé le 27 octobre par le Projet Elections de l'Université George Mason, près de Washington.
Selon un spécialiste, le record de quarante et un millions de votes anticipés établi il y a quatre ans – 30% du total des voix – pourrait être battu. En effet, ils représenteraient jusqu'à 40% des voix en 2012. Pourquoi tant d’électeurs choisissent-ils cette forme de scrutin ? En partie parce que toutes les élections américaines se tiennent un mardi, jour travaillé.
L’enjeu est donc de taille, sachant que cette procédure électorale, qui a débuté dès septembre dans certains Etats, profite surtout aux démocrates. Et est plébiscitée par les ouvriers ou les minorités ethniques, plutôt enclins à voter pour le parti d’Obama.
Pour cette élection, elle constitue une priorité pour les républicains, qui ont payé le fait d’avoir laissé le champ libre dans ce domaine aux démocrates en 2008.
En Floride, le vote par anticipation fait recette
Le 27 octobre, on y a vu des files d’attente de plusieurs heures, notamment dans le comté de Miami Dade. Les bureaux de vote y sont ouverts jusqu’au 3 novembre. Ils ne rouvrent ensuite que le 6, date officielle du scrutin présidentiel.
La Floride – 29 grands électeurs sur 538 – est un swing state, un Etat-clé pouvant basculer pour un camp ou l'autre. Du coup, les votes anticipés y prennent un intérêt tout particulier. Dans cet Etat, les militants des deux camps multiplient le lobbying (appels téléphoniques, visites pour rappeler les adresses et horaires d’ouverture des bureaux de vote) auprès des électeurs.
L’un des Etats plus convoités des Etats-Unis
Crédité d’une légère avance dans les sondages en Floride, Mitt Romney a fait le déplacement près de Pensacola, Orlando et Tampa. But avoué : récupérer des votes latinos, qui votent habituellement plutôt démocrate et représentent 19% de l’électorat local. Globalement, les électeurs hispaniques, d'origine cubaine et portoricaine, font l'objet d'un ciblage tenace de la part des deux partis.
Appuyé par le sémillant sénateur d'origine cubaine, Marco Rubio, Mitt Romney a fait son show. Devant de nombreux Hispaniques, Rubio l’a présenté comme le futur 45e président des Etats-Unis, certain que son mentor fera de meilleurs résultats dans les urnes que John McCain en 2008. Et ce, grâce à un positionnement en faveur de la libre entreprise, qui séduit autant les artisans que les entrepreneurs du coin.
Et comme il faut battre le fer quand il est chaud, Romney a lancé à la cantonade : «Plus vous allez voter tôt, plus vous pouvez aider d'autres gens à aller voter», histoire de faire des émules. Côté démocrate, même stratégie et même écho chez la porte-parole de Barack Obama, Jennifer Psaki : «Nous pouvons y gagner.» Le président sortant devait faire une tournée à compter du 28 octobre en Floride avec une personnalité de poids, son prédécesseur Bill Clinton. Mais l’ouragan Sandy en a décidé autrement.
Des candidats prêts à l’éventualité d’un litige
Comme le score des candidats va se jouer à un cheveu, démocrates et républicains se préparent à une bataille juridique en cas de litige.
On se souvient de la présidentielle de 2000, qui s’y est jouée à 537 voix près, après des rebondissements à la Dallas qui ont duré 35 jours. Il avait alors fallu une décision de la Cour suprême pour départager George W.Bush et Al Gore.
Du coup, en 2012, les avocats du camp républicain sont sur le pied de guerre. A leur tête, Benjamin Ginsberg. En 2000 puis en 2004, il était le premier conseiller juridique de la campagne de George W.Bush. Dans l’autre camp, l'équipe d’Obama est conduite par Robert Bauer, conseiller juridique de la Maison blanche de 2010 à 2011.
Retour sur le vote en Floride en 2004
Vidéo Ina, mise en ligne le 30 juin 2009
Pour le camp démocrate, Bauer offensif
Depuis le début de la campagne, il a à son actif d’avoir lutté pour l’annulation de restrictions de jours de «vote par anticipation», décidées notamment par la législature de Floride.
Les juristes démocrates sont sur le qui-vive pour le lendemain du scrutin. Ils se rappellent que l'équipe d'Al Gore n'avait pas été assez prévoyante au niveau local en 2000. Selon Bauer, il y avait «un avocat dans chaque Etat, mais nous n'avions pas fait l'effort de chercher les meilleurs juristes du pays pour défendre notre cause».
Si le résultat de l'élection est disputé, ce ne sera qu'un nouvel épisode de la série de litiges électoraux que Robert Bauer et Benjamin Ginsberg gèrent depuis des décennies. Pour l’heure, Barack Obama met sa campagne entre parenthèse, occupé principalement par la gestion de l’après-Sandy.
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