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Le village des délinquants sexuels

Le «village des miracles», situé sur une ancienne plantation de Floride, est entouré de marécages. Comme une prison à ciel ouvert et sans grillages. C'est ici que vit une centaine d'hommes condamnés pour crimes sexuels. Bien qu'ayant purgé leur peine, ils sont toujours indésirables dans l'Etat. Le «village des miracles» est pour eux l'un des seuls endroits pour vivre en paix.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des habitants de «Miracle village» en Floride le 27 janvier 2014. (AFP/Guillaume Meyer)

Un village planté au beau milieu des marécages infestés d'alligators. «Miracle village», baptisé ainsi par ses si singuliers habitants, est entouré de champs de cannes à sucre. Même si «personne n'est légalement forcé de vivre là» précise Pat Powers, le directeur général de l'institution, la plupart des résidents n'a pas d'autre choix que de s'y réfugier. La législation en Floride est en effet très stricte vis-à-vis des délinquants sexuels.

Une fois sortis de prison, ces hommes n'ont pas le droit de vivre à moins de 300 mètres d'une école, d'un parc ou d'une aire de jeux. Et de nombreux propriétaires refusent de toute façon de leur louer leurs biens. Ils seraient ainsi des centaines à vivre sans abris ou dans des camps de fortune au milieu des grands espaces sauvages de l'Etat.

Au «village des miracles», Pat Powers, qui a lui même passé 12 ans en prison, participe à des sessions de thérapie ou rénove l'église. Ce lieu est né en 2009, après que l'organisation chrétienne evangélique «Matthew 25 Ministries» ait décidé de loger dans d'anciennes maisons de travailleurs saisonniers, des délinquants sexuels.

Mais pour ceux qui veulent reconstruire leur vie, les restrictions d'habitation ne sont pas les seuls obstacles à surmonter. Dans chaque Etat américain, tout citoyen a accès à une base de données de tous les délinquants. Adresse, photo, date de naissance, casier judiciaire sont consultables librement sur Internet.

Cette liste publique peut transformer en calvaire le simple fait de se rendre au supermarché. «Quand je fais mes courses chez Wallmart, ils ont ma photo affichée. Dès que quelqu'un me reconnaït, il appelle la police. c'est un harcèlement» se lamente david Woods, un des résidents.

Une situation qui peut se révéler dramatique pour les plus jeunes. Matthew Richey, 19 ans, était mineur quand il a eu des relations sexuelles avec sa petite copine âgée de 15 ans. Il refuse de se voir inscrit sur le même registre que les délinquants sexuels «Quelque soit le crime dont vous êtes accusé, on vous traite automatiquement de violeurs de bébés. On vous accuse des pires atrocités. Ils ne font aucune différence».

Cet aspect public est aussi un frein à la réinsertion. «Il faut punir les gens mais quand ils sortent de prison et que le contrôle judiciaire est terminé, les lois en place empêchent toute réhabilitation» explique Sandey Rozek, militante de l'association Reform Sex Offender Laws Inc. La réinsertion est pourtant «le meilleur moyen d'éviter la récidive».

En Floride, 40 000 noms de délinquants sexuels sont consultables sur internet.

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