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Les Américains pas prêts de déposer les armes

Le droit pour un citoyen de porter une arme à feu, comme inscrit dans le 2e amendement de la constitution américaine, fait partie de l’identité du pays. Ce qui n’est pas prêt de changer, un débat sur la question n'étant pas réellement à l'ordre du jour.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La famille Newman au congrès de la NRA (4 millions de membres), le 16 mai 2008 à Louisville, dans le Kentucky. (GETTY IMAGES/AFP/SCOTT OLSON)

Ce ne sont pas les derniers épisodes des fusillades du cinéma d'Aurora, dans le Colorado, ou encore celle d'Old Bridge, dans un supermarché du New Jersey, à l’été 2012, qui feront bouger les lignes.

En effet, le débat sur le port d’armes s’était vite éteint après les tueries à l'université Virginia Tech en 2007 ou à la base militaire de Fort Hood en 2011. L’un des arguments des opposants au renforcement de la règlementation est que des événements similaires ont eu lieu dans des pays où le contrôle des ventes est strict, à savoir l’Allemagne en 2009 ou la Norvège en 2011.

Des chiffres qui tuent
Selon plusieurs études publiées début 2011, les armes sont responsables de 30.000 morts par an aux Etats-Unis : une bonne moitié sont des suicides et plus de 10.000 des meurtres. Sur une population de 300 millions d’habitants, on estime à 200 millions le nombre d’armes à feu domestiques en circulation (fin 2010) ; quelque 45% des foyers en possèdent au moins une.

D’après les chiffres du Bureau fédéral de l'alcool, du tabac et des armes à feu, rien qu’en 2008, les fabricants d'armes américains ont produit :
-1,4 million de pistolets,
-432.000 revolvers,
-1,6 million de carabines,
-753.000 fusils
-176.000 autres armes à feu, dont seulement 245.000 sont parties à l’exportation.

 

 

Le défunt acteur et ancien président de la NRA, Charlton Heston, à la convention de l'association pro-armes, le 27 avril 2002 à Reno, au Nevada. (GETTY IMAGES/CANDICE TOWELL)

 

 

Des milliards de dollars partent en fumée
La Brady Campaign (l'organisation la plus importante en faveur du contrôle des armes) enfonce le clou : 300 personnes sont blessées ou tuées chaque jour par arme à feu dont 67 mineurs. Et neuf de ces derniers meurent chaque jour. Chiffres contestés par la National Rifle Association (NRA, puissant lobby pro-armes), selon qui, le risque qu'un enfant décède d'un coup de feu accidentel est d'un sur un million.

Si on devait retenir un seul chiffre, ce serait celui de la Brady Campaign, qui met l’accent sur le coût des armes pour la société américaine : 100 milliards de dollars perdus chaque année en soins, en frais de décès, de justice et de détention.

Les partisans du contrôle des armes en perte de vitesse
En vingt ans, le pourcentage d'Américains favorables à un renforcement des lois sur le contrôle des armes à feu a fondu, passant de 78% en 1990 à 44% en 2010, selon l'institut Gallup.

Une perte d'influence qui s’est répercutée sur les finances des pro ou des anti-contrôle : en 2010, les revenus du Brady Center ont atteint 5,9 millions de dollars. Ceux la NRA, 253.

 

Mitt Romney se pose en défenseur des propriétaires d'armes à feu

 

 

AFPTV, le 14 avril 2012

 

Difficile de légiférer
Si la règlementation sur la question s’est étoffée depuis la première loi Sullivan votée en 1911 dans l’Etat de New York, le dernier texte important adopté par le Congrès sur la question est la loi Brady (du nom d'un conseiller de Ronald Reagan grièvement blessé lors de la tentative d'assassinat du président en 1981) en 1993.

Cette loi fédérale impose aux armuriers de bien vérifier les antécédents de chaque acheteur. Les condamnés pour crime, les toxicomanes, les auteurs de violences conjugales, les déficients mentaux, notamment, ne peuvent en acquérir. En principe seulement, car 40% des armes en circulation sont achetées dans des foires, sans réel contrôle.

Les règles peuvent varier d'un Etat à l'autre. Ainsi, certains interdisent la vente aux mineurs, imposent un délai de réflexion aux acheteurs, prévoient un entraînement spécial ou encore instaurent l'inscription sur un registre avant d'autoriser le port d'arme.

Le contrôle des armes, sujet tabou dans la campagne
Le débat sur les armes à feu reste en marge des discours des deux candidats, le démocrate Barack Obama, et son adversaire républicain Mitt Romney.

Chez les démocrates, plutôt partisans d’un contrôle accru, cela pourrait être lié à la défaite en 2000 de leur candidat Al Gore, qui en avait fait une thématique de campagne. Voire aux craintes des élus démocrates dans les Etats conservateurs où les électeurs sont hostiles au contrôle (Ohio, Pennsylvanie, Wisconsin, Virginie, Iowa, Caroline du Nord…) de perdre des voix stratégiques pour leur parti à l'élection présidentielle.

Les responsables politiques pro-contrôle se manifestent plutôt dans des régions plus urbaines, comme à New York, où a eu lieu une fusillade fin août. Le maire Michael Bloomberg en est un farouche défenseur et milite dans l'association Mayors Against Illegal Guns, une coalition de maires affichant les mêmes valeurs.

 

De plus en plus de citoyennes américaines prennent les armes

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Reportage France 2 Franck Genauzeau et Mathieu Birden diffusé le 22 octobre 2012

 

Dans le camp républicain, on est globalement pour un assouplissement de la règlementation. Mais les avis prudents de Mitt Romney sur la question (il avait promulgué une loi accentuant le contrôle des armes quand il était gouverneur du Massachusetts) n'ont pas suscité l'enthousiasme de la NRA, qui lui a tout de même apporté son soutien. La National Rifle Association répète à l'envi qu'empiéter sur les libertés fondamentales des Américains n'empêchera pas un tueur fou de passer à l'acte. Un point de vue que partagent certains démocrates comme le gouverneur du Colorado, John  Hickenlooper.

Après Aurora, la Maison Blanche a expliqué que Barack Obama était favorable à l'application de la législation actuelle pour assurer le contrôle des armes à feu et à toute mesure conforme au droit constitutionnel des Américains à porter une arme.

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