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Pourquoi y-a-t-il deux Corées ?

Il y a deux Corées depuis la fin de la Seconde guerre mondiale quand les deux grands vainqueurs (URSS et USA) ont fixé les lignes de partage entre leurs armées lors de la conférence de Yalta. Malgré la fin de la Guerre froide, entre les deux pays de la péninsule, la partition perdure.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
1951 en Corée. Une jeune Coréenne portant son frère. Derrière eux, un char américain. (AFP/national archives)

Très vite après la fin de la Seconde guerre mondiale, les deux principales forces victorieuses se partagent le monde. URSS et USA passent du statut d'alliés à celui de rivaux. Dans certaines zones, la ligne de partage coupe des pays en deux. Comme en Allemagne ou en Corée, notamment.

La partition sur le 38e parallèle
La conférence de février 1945 à Yalta (entre l’URSS, les Etats-Unis et le Royaume-Uni) dessine les frontières de l'Europe et décide notamment que l’URSS interviendra contre le Japon, après la reddition allemande. Pour la Corée, occupée depuis une trentaine d’années par le Japon, et dont l’indépendance avait été reconnue en 1943 lors de la conférence du Caire, cela se traduit par une reddition des Japonais aux Soviétiques au nord du 38e parallèle et aux Américains au sud de cette ligne artificielle qui coupe la péninsule en deux.

1947 : arrestations de communistes et de nationalistes en Corée du Sud. (AFP)

En 1947, alors qu'une agitation communiste se fait jour dans le pays, des élections doivent être organisées pour former un gouvernement national, mais la guerre froide est déjà sur les rails. L'ONU, qui vient d'être créée, tente d'organiser des élections mais les Soviétiques ne reconnaissent pas ses décisions en raison du poids des pays liés, selon eux, au bloc occidental dans l'organisation internationale.

Boycottée en région Nord, les élections ne se tiennent que dans la zone américaine. Le 19 juillet 1948, la République de Corée est proclamée avec Séoul comme capitale. En réaction, la zone soviétique organise ses propres élections, qui donnent une majorité de gauche, sous la houlette du PC. Des représentants du Sud, élus clandestinement, rejoignent l’Assemblée populaire qui décrète la République populaire démocratique de Corée avec Pyongyang comme capitale.
 
La guerre
La guerre éclate en juin 1950, précédée de nombreux incidents de frontière. Le Nord prétexte une incursion du Sud pour justifier le franchissement de la frontière par des milliers de soldats.

La déferlante nordiste entraîne la chute de Séoul le 28 juin. En réaction, les Américains saisissent l’ONU qui, en l’absence de l’URSS (qui boycotte l’institution pour protester contre la non-admission de la Chine de Mao), condamne l’attaque du Nord. L’organisation internationale confie aux USA le commandement d’une force internationale (qui compte 16 pays dont la France).


Pour sauver les troupes du Sud et leurs appuis américains, le général américain MacArthur, commandant de la force internationale (essentiellement américaine), mène, le 30 septembre, un débarquement à la hauteur de Séoul (un peu en dessous du 38e parallèle) à Incéon, prenant à revers les forces nordistes. Le 7 octobre, les troupes des Nations-Unies franchissent à leur tour le 38e parallèle et pénètrent en Corée du Nord. Le 26 octobre, quelques unités atteignent le Yalu, fleuve délimitant la frontière sino-coréenne.

La Chine (qui n’avait pas encore rompu avec l’URSS) intervient dans la guerre, tout comme l’aviation soviétique. La contre-attaque chinoise permet une reprise de Séoul par le Nord. Pendant cette période, le général MacArthur aurait prôné l’utilisation de l’arme nucléaire. Il fut remplacé par le général Ridgway.
 
Une jeep américaine franchit le 38e parallèle lors d'une contre-attaque en décembre 1950, après l'attaque nord-coréenne. (AFP)

La guerre de position extrêmement meurtrière se fige autour du 38e parallèle, tandis que l'aviation américaine mène des raids dévastateurs au Nord, généralisant notamment le napalm. L’idée d’une négociation finit par s’imposer. Dès le 10 juillet 1951, des rencontres entre les deux camps ont lieu, mais il faut attendre le 27 juillet 1953 (après la mort de Staline) pour que les négociations aboutissent à Panmunjon, mettant fin à un conflit qui aura duré trois ans et causé au moins un million de morts, selon la plupart des historiens occidentaux.
 
Ce cessez-le-feu consacre le retour au statu quo d’avant guerre, avec un très léger gain territorial pour le Sud.

Une Guerre froide prolongée
En 1953, la guerre se termine sur un simple armistice. Depuis la fin du conflit, le chaud et le froid souffle entre les deux pays. Tout à sa propagande, le Nord a souvent fait état de sa volonté de voir les deux territoires réunis.
 
La fin de la Guerre froide, l’ouverture de la Chine et la fin de l’URSS ont modifié la donne internationale. Contrairement à la plupart des régimes de l'Est, le pouvoir nord-coréen n'a pas été affecté par ces changements, préservant son régime dynastique et dictatorial, même s'il s’est retrouvé isolé sur la carte diplomatique.
 
Entre les deux Corées, alternent périodes d’ouverture et de raidissement. En 1991, les deux pays signent un accord de réconciliation et de reconnaissance mutuelle. En 2000, à l'issue d'une visite de trois jours au Nord du président du Sud, les dirigeants nord-coréen, Kim Jong-il, et sud-coréen, Kim Dae-jung, paraphent une déclaration commune.

Le Nord-Coréen Kim Jong-Il et le Sud-Coréen Roh Moo-Hyun signent une déclaration de paix lors d'un sommet à Pyongyang, le octobre 2007. (EyePress News/AFP)

A l'issue du second sommet intercoréen, organisé à Pyongyang du 2 au 4 octobre 2007, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et son homologue sud-coréen Roh Moo-hyun signent un document commun où ils s'engagent à promouvoir la paix et la prospérité économique dans la péninsule. «Le Sud et le Nord partagent la vue selon laquelle ils doivent mettre fin à la situation actuelle d'armistice et instaurer un système de paix permanent», indiquent les deux pays.
 
Ce réchauffement, qui a eu quelques conséquences sur le terrain (tourisme, rapprochement de familles séparées…), n’empêche pas les périodes de tensions et des retours en arrière. Nous sommes dans l’un de ces retours, reste à savoir s’il va être durable.

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