Premier procès test à Guantanamo
Le prévenu, Salim Ahmed Hamdan, un Yéménite d'une trentaine d'années a été arrêté en novembre 2001 et envoyé à Guantanamo en mai 2002. Il est jugé pour complot et soutien matériel au terrorisme par un panel de cinq à treize juges et encourt la prison à perpétuité. Hamdane est considéré par l'accusation comme un membre du premier cercle d'Al Qaeda, alors que ses avocats le présentent comme un simple chauffeur.
Il est surtout devenu un symbole des critiques formulées à l'encontre du système judiciaire d'exception mis en place par l'administration Bush après les attentats du 11 septembre 2001. En 2006, il avait contesté la mise en place du tribunal militaire et obtenu gain de cause devant la Cour suprême des Etats-Unis, obligeant le Congrès à formaliser son existence en adoptant le Military Commissions Act. Une nouvelle requête déposée récemment n'a pas eu le même succès, puisqu'un juge fédéral a autorisé jeudi la tenue du procès, qui constituera un premier test pour cet appareil répressif controversé.
Outre la compétence du tribunal militaire, ce sont les conditions de détention et le non-respect des Conventions de Genève sur le statut des prisonniers qui ont cristallisé les critiques. En vertu de son caractère spécial, le tribunal peut s'appuyer sur les déclarations obtenues sous la contrainte lors d'interrogatoires et sur des ouï-dires. Bien que les procureurs s'en défendent, les avocats de la défense accusent les militaires de n'avoir jamais notifié ses droits à Hamdan lors de son arrestation.
Lors des audiences préliminaires, Hamdan a en outre affirmé avoir été frappé, menacé de mort, privé de sommeil et humilié sexuellement par une femme pendant sa détention. Les procureurs ont nié tout mauvais traitement. Les journalistes américains présents à Guantanamo lors de ces audiences ont pourtant décrit un homme hagard, marchant difficilement en raison de douleurs au dos.
Le procès doit durer entre trois et quatre semaines.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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