États-Unis : avec une Force de l'espace, Donald Trump veut "signifier que son pays domine l'espace"
En annonçant la création d'une Force de l'espace, Donald Trump veut apparaître "comme chef de guerre", estime Philippe Migault, directeur du centre européen d'analyses stratégiques
Le Congrès américain devra valider ce projet souhaité par Donald Trump. Le vice-président américain, Mike Pence, a annoncé jeudi 9 août la création d'une "Force de l'espace" d'ici 2020. Il s'agira d'une sixième branche des forces armées américaines. Philippe Migault, directeur du centre européen d'analyses stratégiques, estime vendredi 10 août sur franceinfo, qu'il s'agit "plus un geste politique qu'un geste militaire", de la part de Donald Trump. C'est un moyen de "signifier que les États-Unis dominent l'espace".
franceinfo : Est-ce-que cette "Force de l'espace" est un gadget de Donald Trump ?
Philippe Migault : Absolument, c'est plus un geste politique qu'un geste militaire. Pourquoi Donald Trump, par la voix de Mike Pence, annonce-t-il cela ? Il faut se rappeler que vous avez les élections de "midterms" (mi-mandat) en novembre prochain et s'il y a quelque chose de porteur du point de vue politique, c'est la posture de chef de guerre. On avait bien vu avec François Hollande, pendant son quinquennat : le fait qu'un président ait le statut de chef de guerre, c'est quelque chose qui a un fort impact en termes de politique intérieure. Trump se situe dans la lignée de Kennedy avec sa "New Frontier", dans la lignée de Reagan et de son initiative de défense stratégique qu'on a appelée "La guerre des étoiles" et qui avait pour but de lancer un défi à l'Union soviétique. Ce que fait Trump, c'est "make America great again", c'est signifier que les États-Unis dominent l'espace et qu'ils entendent conserver leur suprématie. Le problème, c'est qu'il vient quand même de parler de l'espace comme d'un nouveau champ de bataille et que l'espace est censé être un espace non-militarisé.
Un traité international de 1967 dit pourtant que ce doit être un espace neutre donc les États-Unis violent ce traité ?
Oui et non. D'abord, le terme de neutralité n'est pas tout à fait celui qui s'impose en termes de militarisation de l'espace. Ce traité stipule simplement que vous n'avez pas le droit de déployer des armes de destruction massive en orbite. C'est tout. Pour le reste, vous pouvez déployer absolument tout ce que vous voulez. La technologie militaire américaine, et celle de toutes les armées modernes, fonctionne avec des satellites de navigation, des satellites de communication, d'observation, radars... Aucune armée ne fonctionne sans ces satellites dans l'espace. L'espace est donc déjà militarisé. Il y a un certain nombre de technologies annexes qui sont en train de s'installer comme les véhicules spatiaux. IIs circulent en orbite depuis maintenant plusieurs années et dont on ne sait absolument rien. On sait qu'il a une soute ventrale qui pourrait parfaitement contenir une arme mais les États-Unis ne communiquent absolument pas là-dessus.
Mike Pence a dit : "Nos adversaires ont déjà transformé l'espace en domaine de combat". Il vise la Chine et la Russie. Est-ce-que les Russes et les Chinois sont obligés de réagir ?
Il y a d'abord une part de mauvaise foi gigantesque vis-à-vis des Chinois et des Russes. Les Soviétiques ont toujours voulu faire de l'espace, un champ de bataille mais les choses ont changé depuis la disparition de l'Union soviétique. Les Américains dominent ce qu'ils appellent le "champ de bataille spatial" parce qu'ils ont un nombre de satellites déployés dans l'espace incomparable avec celui que peuvent aligner toutes les autres puissances. Si vous prenez les Européens, les Chinois, les Russes, nous n'arrivons pas au quart de ce que possèdent les Américains. Les Chinois et les Russes essaient de contester un tout petit peu cette suprématie spatiale américaine en se dotant de systèmes défensifs et notamment de systèmes anti-satellites qui, en cas d'agression américaine, permettraient de minorer un tout petit peu la suprématie américaine. C'est ça que les Américains ne supportent pas.
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