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Etats-Unis : ce qui attend l'ex-président Donald Trump après son acquittement

"Notre mouvement magnifique, historique et patriotique, Make America Great Again, ne fait que commencer", a-t-il affirmé, après le vote du Sénat.

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump quitte la Maison Blanche (Washington, Etats-Unis), le 12 janvier 2021. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

Le Congrès américain a acquitté Donald Trump,  samedi 13 février, à l'issue de son deuxième procès en destitution. Un peu de plus de trois semaines après la passation de pouvoir avec Joe Biden, une autre page se tourne. Pourtant, Donald Trump n'a pas dit son dernier mot. Réagissant au verdict du Sénat, il a semblé prendre date pour l'avenir : "Notre mouvement magnifique, historique et patriotique, Make America Great Again, ne fait que commencer", a-t-il affirmé. Alors, à court et moyen terme, qu'est-ce qui attend le magnat de l'immobilier ?

La relance de son empire économique

Hôtels luxueux, propriétés immobilières huppées, parcours de golf… Pour commencer, l'ancien président devrait être occupé par la reprise de son empire économique, la Trump Organization. Il devra "le maintenir à flot, car il fait face à une baisse de revenus en raison de la pandémie et d'une image ternie", expose la BBC (lien en anglais). Avant qu'il ne devienne président, "la marque Trump était très puissante", souligne auprès de l'AFP Melissa Aronczyk, professeure en communication à l'université de Rutgers dans le New Jersey. Les quatre ans de mandat de Donald Trump, marqués par des prises de position extrêmes et l'assaut du Capitole par ses partisans, ont rendu périlleuses les affaires de la dynastie. La marque Trump est devenue "toxique" car associée au chaos, au racisme, résume Tim Calkins, professeur de marketing à la Kellogg School of Management de l'université Northwestern.

De nombreuses entreprises ont d'ailleurs coupé leurs liens ou pris leurs distances avec Donald Trump. Signature Bank a commencé à fermer des comptes du président, selon une porte-parole, tandis que la Deutsche Bank ne veut plus faire affaire avec lui, selon le New York Times (lien en anglais). A New York, le maire démocrate Bill de Blasio a mis fin aux contrats qui permettaient à la Trump Organization de gérer des attractions de Central Park et un terrain de golf du Bronx. En 2022, le PGA Tour, plus important championnat de golf du monde, ne passera pas par le Trump National, à Bedminster (New Jersey). "Notre marque était en jeu", a expliqué Seth Waugh, directeur général de l'instance organisatrice.

Des affaires judiciaires en cours

Sur le plan judiciaire, Donald Trump a perdu son immunité présidentielle. Il va donc devoir faire face à plusieurs affaires. En première ligne, l'enquête sur de possibles allégations de fraude fiscale, fraude aux assurances, ou fraude bancaire menée par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance. C'est dans ce cadre que l'ex-avocat personnel du président Michael Cohen, qui purge actuellement une peine de prison, a été réinterrogé. Il avait affirmé au Congrès que Donald Trump et sa société gonflaient ou réduisaient artificiellement la valeur de leurs actifs, pour alternativement obtenir des prêts bancaires ou réduire leurs impôts. La procureure démocrate de l'Etat de New York, Letitia James, enquête aussi sur ces dernières allégations. Si ces accusations étaient avérées, elles exposeraient l'ex-président à une possible incarcération.

Autres dossiers en cours : des plaintes pour diffamation lancées par plusieurs femmes que Donald Trump a accusées de mensonges. Il s'agit de l'actrice porno Stormy Daniels, qui affirme avoir eu une relation avec Donald Trump en 2006, de l'ancienne chroniqueuse E. Jean Carroll, qui affirme avoir été violée par l'ex-magnat de l'immobilier au milieu des années 1990, et de Summer Zervos, ancienne candidate de l'émission "The Apprentice" qui accuse Donald Trump d'agression sexuelle. Outre ces procédures, le président risque également des poursuites "pour obstruction à la justice et incitation à la fraude électorale", liste 20 Minutes.

Un retour en politique pour 2024 ?

Sur le plan politique enfin, le vote du Sénat offre à Donald Trump l'occasion de reprendre l'un de ses arguments de campagne favoris : se poser en martyr. "Cela peut être un cri de ralliement : marteler qu'il a été pris pour cible par la gauche et par la presse, de manière injuste", souligne Capri Cafaro, ex-élue démocrate et enseignante à l'American University.

Après l'assaut du Capitole le 6 janvier, nombre de responsables républicains ont toutefois pris leurs distances, ce qui constitue un handicap de taille en vue d'une éventuelle reconquête, même si sa capacité à galvaniser les foules reste un atout de poids. Sans mandat électif, privé de son compte Twitter, reclus dans son club de golf de Mar-a-Lago, à plus de 1 300 kilomètres de Washington, il pourrait avoir à présent du mal à se faire entendre.

D'autant que la prochaine échéance présidentielle aiguise déjà les appétits. L'une des prétendantes possibles à l'investiture républicaine, Nikki Haley, a déjà coupé les ponts et estimé qu'il était hors-jeu pour les échéances à venir : "Il a pris un chemin qu'il n'aurait pas dû prendre et nous n'aurions pas dû le suivre et nous n'aurions pas dû l'écouter. Nous ne devons jamais laisser cela recommencer."

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