Harley Davidson : "Cela ne va pas fondamentalement modifier le commerce entre l'Europe et les États-Unis"
L'économiste Michel Ruimy estime que la délocalisation annoncée lundi par Harley Davidson, dans le conteste de guerre commerciale entre les États-Unis et l'Europe, est surtout un geste symbolique.
Victime de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, le constructeur de motos Harley Davidson a annoncé lundi la délocalisation d’une partie de sa production hors des États-Unis, pour échapper aux tarifs douaniers instaurés par Bruxelles en représailles à ceux de Washington. "C'est très américain, c'est une image de marque" mais "ça ne va pas fondamentalement modifier le commerce entre l'Europe et les États-Unis", a analysé l'économiste Michel Ruimy, professeur à Sciences-Po Paris, mardi 26 juin sur franceinfo.
franceinfo : Donald Trump se dit surpris par la décision du constructeur. Harley Davidson et les États-Unis, est-ce vraiment fini ?
Michel Ruimy : Il y a une logique commerciale, l'idée qu'au-delà de ces taxes, c'est aussi une baisse de chiffre d'affaires, dans le sens où il y aura une revalorisation du prix des motos. Mais Harley Davidson va remettre en place une autre dynamique, une autre stratégie, simplement ça prendra un peu plus de temps pour retrouver des niveaux qui vont être en accord avec ces attentes. C'est-à-dire qu'ils vont mettre à peu près un an, un an et demi, pour que ça revienne. Mais malgré tout, Harley a quand même dit qu'elle restait très attachée à l'industrie américaine et donc elle risque de revenir dans une certaine mesure aux États-Unis. Mais il y a peu de motos Harley Davidson vendues en Europe. C'est vrai qu'on s'attaque plutôt au symbole. Harley, c'est très américain, c'est une image de marque. Ça ne va pas fondamentalement modifier le commerce entre l'Europe et les États-Unis. Aujourd'hui, je trouve qu'il est plus important de s'intéresser à ce qui se passe avec la Chine : Donald Trump veut restreindre les investissements chinois dans certaines industries, et là c'est un peu plus flagrant en termes de commerce international. Là je crois qu'on rentre dans une nouvelle étape de guerre commerciale.
Peut-on parler de guerre commerciale tous azimuts ?
Oui tout à fait. Jusqu'à présent on pouvait dire que les affrontements entre les États-Unis et la Chine touchaient généralement la vieille économie avec l'acier, l'aluminium, les voitures et même les Harley Davidson. Maintenant, on passe à une étape supérieure, où Donald Trump veut empêcher les investissements dans la technologie aux États-Unis et en fait ça touche des domaines très essentiels pour la croissance future. La Chine veut tracer sa route sans prendre en compte les considérations nationales aussi bien aux États-Unis qu'en France. Du coup, on risque de voir monter un certain regain d'antagonisme vis-à-vis de la Chine. Malgré tout, aujourd'hui, la guerre entre la Chine et les États-Unis va commencer réellement, à partir du 6 juillet. Mais la Chine a moins de munitions que les États-Unis, puisqu'ils importent à peu près 500 milliards de dollars, alors que la Chine n'en importe qu'à peine plus d'une centaine. Donc à un moment donné, les mesures de rétorsion vont jouer à l'encontre de la Chine.
Comment Donald Trump choisit-il les produits à taxer ?
Donald Trump a choisi de ne taxer que des produits qui sont faiblement impactants. Par exemple, il n'a pas taxé le textile ou certains produits comme les smartphones, parce que c'est très demandé par les Américains. Il ne touche pas à ces domaines parce qu'il a en perspective les élections de mi-mandat et il ne veut surtout pas aller à l'encontre du consommateur américain. Il joue donc une partie très fine. Il y a une part de théâtre dans cette guerre économique, d'autant plus que lorsqu'il a défait l'Obamacare, il avait le Congrès contre lui, là en politique internationale il n'y a personne qui peut l'empêcher au niveau intérieur. Par contre, ça risque de tout désorganiser, tout le commerce international, ça va avoir d'autres aspects, surtout s'il ne réussit pas dans son intention.
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