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Mur entre les États-Unis et le Mexique : "Ceux qui ont le plus à perdre sont les consommateurs américains"

Gaspard Estrada, directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes, a prévenu, vendredi sur fanceinfo, des conséquences que pourraient avoir les choix de Donald Trump pour imposer ses vues au Mexique.

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump, président des États-Unis, le 23 janvier 2017, à la Maison Blanche à Washington. (Photo d'illustration) (SAUL LOEB / AFP)

Le président du Mexique Enrique Peña Nieto a annulé sa visite à Washington prévue mardi 31 janvier. "Pas la peine de venir si vous n’êtes pas prêt à financer le mur à la frontière", lui a conseillé sur Twitter le président américain. Donald Trump envisage également de taxer à 20% tous les produits venus du Mexique. Pour Gaspard Estrada, directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (OPALC), "il y a de la part du gouvernement mexicain une volonté d’engager un débat beaucoup plus ferme avec Donald Trump", a-t-il expliqué, vendredi 27 janvier, sur sur franceinfo.

franceinfo : Quelle est la marge de manœuvre du Mexique pour contrer Donald Trump ?

Gaspard Estrada : La marge de manœuvre du Mexique est liée à cette interdépendance des deux pays sur le plan économique, mais aussi sur le plan migratoire. Les principaux bénéficiaires du traité de libre-échange entre le Mexique, les États-Unis et le Canada ont été les entreprises américaines. Elles ont massivement délocalisé au Mexique. Elles ont donc réduit le coût de leurs produits qui sont par la suite réexportés aux États-Unis. Dans ce cas, la fin de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), comme l’a annoncé Donald Trump, serait une très mauvaise nouvelle pour les entreprises américaines. Elles deviendraient partenaire du gouvernement mexicain dans cette guerre entre les deux gouvernements.

À quel point le Mexique dépend-il des États-Unis ?

Près de 80% des échanges du Mexique avec l’étranger se font avec les États-Unis. Si l’Alena cessait d’exister, il est clair que le modèle de développement mexicain serait en quelque sorte remis en question. L’économie mexicaine va mal. Il y a une chute de la rente pétrolière et de la croissance. Si l'on y ajoute la fin de l’Alena, l’économie mexicaine ira de mal en pis. Les entreprises mexicaines verraient leur recette d’exportation diminuer. En revanche, ceux qui ont le plus à perdre sont les consommateurs américains. La fin de l’Alena signifierait de manière automatique l’augmentation des prix des biens et des produits exportés du Mexique vers les États-Unis.

Est-ce que le Mexique pourrait céder et financer le mur ?

Non, car aujourd’hui il y a une dispute politique qui s’engage. Le Mexique n’avait jusqu’à présent pas pris en compte l’imprévisibilité de Trump et sa volonté de passer des paroles aux actes. Malgré la signature de ce décret, rien n’a encore été arbitré. Par ailleurs, le fait que le porte-parole de la Maison Blanche ait reculé sur cette taxe de 20% illustre bien ce flottement qui existe aujourd’hui.

"Les principaux bénéficiaires du traité de libre-échange entre le Mexique, les États-Unis et le Canada ont été les entreprises américaines", Gaspard Estrada

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