Obama interdit les forages en Arctique : pour Yannick Jadot, cette décision est "une très bonne nouvelle"

Barack Obama a annoncé mardi l'interdiction permanente de nouveaux forages gaziers et pétroliers dans les eaux américaines de l'Atlantique et de l'Arctique.

Yannick Jadot, eurodéputé et candidat des écologistes à l’élection présidentielle, qualifie ce choix de "très bonne nouvelle." Mais pour lui, Donald Trump pourrait être le président des lobbys du pétrole, du charbon et des énergies fossiles. Il était au micro de franceinfo mercredi 21 décembre.

franceinfo : À un mois de la prise de fonction du climato-sceptique Donald Trump, est-ce que cette décision de Barack Obama vous rassure ?

Yannick Jadot : Bien sûr, surtout que les statistiques qui sont sorties cette année sur l’Arctique, et notamment la banquise, sont extrêmement alarmantes. Jamais la banquise ne s'est autant réduite l'été. On voit bien l'accélération du dérèglement climatique. On est dans le cynisme absolu. Les glaciers sont en train de s'écouler dans les eaux, les espèces en train de disparaître, du fait des émissions de CO2, donc de notre consommation de pétrole. On a l'impression que ces dégâts absolument dramatiques servent encore plus l'industrie du pétrole qui veut forer, transporter, exploiter dans cette zone extrêmement fragile. C'est donc une très bonne nouvelle.

Craignez-vous que Donald Trump soit le président des lobbys du pétrole, du charbon et des énergies fossiles ?

Absolument. On sait l'importance du pétrole, du gaz de schiste et du charbon dans le financement des campagnes électorales aux États-Unis. C'est la première source de financement. Ces personnes dont vous parlez ne sont pas des climato-sceptiques, ils connaissent parfaitement la science. Ils combattent en permanence toute action pour le climat, parce que c'est une action qui porte atteinte au rang de cette industrie. Lutter contre le dérèglement climatique signifie laisser 80% des réserves pétrolières connues dans le sous-sol. Ce sont des dizaines de milliers de milliards de dollars auxquels ils doivent renoncer. Chaque minute gagnée dans la lutte contre le dérèglement climatique pour eux, ce sont des millions de rentrées de dividendes. C'est le combat du vieux monde des énergies fossiles. Tant mieux si Obama prend les bonnes décisions avant son départ.

Donald Trump avait promis de retirer les États-Unis des accords de Paris, avant de se montrer plus ouvert. Est-ce que vous pensez qu'il va traduire en acte tout ce qu'il a dit pendant sa campagne ?

Il ne peut pas se retirer des accords de Paris s'il ne se retire pas de la convention des Nations unies sur le réchauffement climatique. Mais on peut imaginer toute attitude. Avec l'administration Trump, on ne verra pas les États-Unis actifs dans la coopération internationale contre le dérèglement climatique. Ce qui veut dire que l'Union Européenne doit reprendre le leadership international dans la lutte contre le dérèglement climatique. Elle doit redevenir le leader de la transition énergétique, qu'on arrête de freiner les énergies renouvelables. Construire notre transition énergétique, c'est construire une nouvelle diplomatie qui nous met moins en porte-à-faux avec les États-Unis.