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Présidentielle américaine : "Je ne suis pas persuadé qu'il y aura la moindre dérive, d'un côté comme de l'autre", relativise le spécialiste des Etats-Unis Jean-Eric Branaa

L'universitaire estime que le climat de la campagne 2020 est bien moins violent, tant en parole qu'en actes, que celle de 2016.

Article rédigé par franceinfo
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Des supportrices de Donald Trump à Mesa, dans la banlieue de Phoenix, Arizona, le 26 août 2020. (BENJAMIN ILLY / FRANCE-INTER)

"Je ne suis pas persuadé qu'il y aura la moindre dérive, d'un côté comme de l'autre", relativise sur franceinfo, mardi 3 novembre, Jean-Eric Branaa, spécialiste des États-Unis et maître de conférences à l'université Assas-Paris II, alors que le vote des Américains se termine ce mardi pour élire leur nouveau président, Donald Trump ou Joe Biden.

Jean-Eric Branaa reconnaît des "événements en marge de la campagne mais pas réellement de violences constatées". Selon le maître de conférences à l’université de Paris II Assas, le vote, qui a commencé par correspondance depuis le 18 septembre, se passe "plutôt bien". Il observe même que, pour les personnes qui se déplacent pour aller exprimer leur voix, "les longues files présentes devant les bureaux sont pacifiques".

La campagne n'a pas été si tendue que ça au regard des campagnes qu'on a pu avoir, et en particulier la dernière [2016] qui était bien plus violente, tant dans les paroles que dans les actes.

Jean-Eric Branaa

à franceinfo

Alors que de nombreux magasins se sont barricadés à New York ou Washington depuis quelques jours, Jean-Eric Branaa estime que c'est "parce qu'ils ont peur des manifestations et des dérives dans les manifestations qui sont maintenant courantes", mais il n'est pas persuadé "qu'il y aura la moindre dérive, d'un côté ni d'un autre".

Trump agite la menace d'un trucage 

Ces troubles pourraient être alimentés en cas de défaite de Donald Trump si ce dernier ne reconnaissait pas les résultats. Le président sortant a en effet entretenu l'ambiguïté sur ce point, assurant que le seul moyen pour les démocrates et Joe Biden de l'emporter serait de "truquer" les élections. Or, sur ce point, Jean-Eric Branaa estime que la reconnaissance de la potentielle victoire de Joe Biden par Donald Trump est "la grande inconnue", et il rappelle qu'un candidat qui ne reconnaît pas sa propre défaite, "ça n'est jamais arrivé".

Cependant, le chercheur rappelle que Donald Trump est "un homme qui fait attention à son image, qui veut laisser une vraie trace dans l'histoire". Dès lors, poursuit-il, "laisser la trace d'un râleur, d'un tricheur et d'un perturbateur qui mettrait le chaos dans le pays, je ne suis pas non plus persuadé que ce soit l'image qu'il veuille laisser alors qu'il sort d'une vraie victoire avec la nomination d'Amy Coney Barrett à la Cour suprême [juge conservatrice], et donc qu'il peut sortir la tête haute de cette présidence".

"Une participation record"

Enfin, concernant les pronostics à quelques heures de la fin du vote, Jean-Eric Branaa rappelle que "tout le monde sait depuis le départ que la forte participation figerait le résultat que l'on a depuis maintenant quatre ans, à savoir que le président Trump a certes une base très forte et très stable à environ 42, 44%, mais, de l'autre côté, il y a une vague tout aussi forte et tout aussi stable à 52, 54%" pour Joe Biden.

"Plus la participation est forte, plus on se rapprochera de ces écarts dans les résultats finaux", prédit Jean-Eric Branaa. Le spécialiste note qu'actuellement "on se dirige vers une participation record", puisque, dit-il, "déjà 100 millions d'Américains ont déjà voté au moment où on se parle, et c'est vrai que tout cela est plutôt favorable sur le papier à Joe Biden".

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