Reportage "Il faut revenir aux bonnes habitudes du passé" : l'Arizona, laboratoire de la politique migratoire voulue par Donald Trump

Cet État a largement approuvé la "proposition 314", qui cible sans distinction tous les sans-papiers et redonne beaucoup de pouvoir aux forces de police.
Article rédigé par Olivier Poujade, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans la région de Nogalès, un mur sépare l'Arizona du Mexique. (GILLES GALLINARO / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La victoire de Donald Trump aux États-Unis est synonyme, notamment, d'un durcissement de la lutte contre l'immigration illégale. L'élection présidentielle du mardi 5 novembre s'est accompagnée, dans certains États, d’une série de mesures référendaires, qui leur permettent d’être plus autonomes sur certaines politiques. C’est le cas de l’immigration en Arizona, dont les résultats à la présidentielle ne sont pas encore connus, mais qui comprend de nombreux bastions républicains. Dans cet État de l'Ouest américain, la "proposition 314", validée avec plus de 60% des voix par les électeurs du comté de Maricopa, complète la promesse de Donald Trump de procéder à des expulsions massives de migrants.

Cette "proposition 314" cible sans distinction tous les sans-papiers et redonne beaucoup de pouvoir aux forces de police. Ce projet de loi est signé des deux mains par l’ancien shérif de Maricopa : "Les flics adorent Trump. Désormais, le président n’a qu’un mot à dire : 'OK les gars, premièrement, on sécurise la frontière et ensuite, on va chercher les illégaux chez nous.' Même s’ils n’ont pas de casier, la plupart ont de faux papiers, c’est un crime ! Il faut revenir aux bonnes habitudes du passé." En mai 2013, ce shérif a été condamné pour délit de faciès et détention arbitraire par la Cour fédérale.

Chez les immigrés, la peur de revivre une époque délétère

Reina, qui elle-même ne dispose que d'un titre de séjour temporaire, dirige une association d’aide aux illégaux. Elle est arrivée il y a plus de 10 ans et a vécu sous l’autorité du shérif de Maricopa. "Je me souviens qu’il envoyait ses agents à la sortie des écoles pour arrêter les pères qui accompagnaient leurs enfants, raconte Reina. On recevait des messages pour nous prévenir que les policiers patrouillaient dans telle ou telle rue. Ma mère ne me laissait pas aller au cinéma, on choisissait nos heures pour aller faire les courses et éviter les shérifs au coin de la rue... J'ai peur de revivre une époque similaire".

"La question se posera de savoir qui assumera le travail des immigrés."

Ronnie, électrice démocrate en Arizona

à franceinfo

Votée à une large majorité en Arizona, la "proposition 314" donnera carte blanche aux autorités pour mettre en place la politique migratoire voulue par Donald Trump. Une politique "absurde", juge Ronnie, qui a voté démocrate. "Il a promis des expulsions massives, ce qui va stresser notre économie, faire naître une montagne de nouveaux problèmes. Les choses ne sont pas aussi simples. Ce pays s’est construit grâce aux immigrés, ils font le boulot que les Américains ne veulent pas faire", rappelle Ronnie.

Près de 12 millions de personnes se trouvent actuellement illégalement sur le territoire américain, comme ceux qui viennent de franchir la frontière ou ceux qui bénéficient du "Daca", document temporaire que veut interdire Donald Trump. Enfin, il y a les "dreamers", nés aux États-Unis et dont certains ont dépassé la trentaine d’années, qui attendent toujours d’être régularisés.

L'Arizona, laboratoire de la politique migratoire voulue par Donald Trump. Reportage d'Olivier Poujade

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