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Taxes américaines sur l'acier et l'aluminium: "C'est grotesque, c'est du Trump", affirme Pascal Lamy

L'ancien directeur général de l'OMC a exprimé ses inquiétudes jeudi sur franceinfo, alors que le président américain s'apprête à relever les tarifs douaniers dans certains secteurs commerciaux.

Article rédigé par franceinfo
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Pascal Lamy, l'ancien directeur-général de l'OMC, le 27 février 2018. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Donald Trump devrait signer jeudi 8 mars dans l'après-midi à la Maison Blanche un texte qui prévoit une hausse des tarifs douaniers américains sur les importations d'acier et d'aluminium. L'Union européenne menace de riposter sur des produits comme le bourbon, le beurre de cacahuètes ou le jus d'orange de Floride. Pour Pascal Lamy, ancien directeur général de l'OMC et président émérite de l'institut Jacques Delors, Donald Trump n'a pas intérêt pour son pays à aller jusqu'au bout.

franceinfo : Êtes-vous inquiet du tournant pris par les États-Unis ?

Pascal Lamy : Je suis inquiet mais moins que d'autres. Je ne pense pas que ce soit une déflagration qui entraînera une guerre commerciale mondiale. C'est une mesure à la fois stupide et infondée. Stupide car elle va se retourner contre l'économie américaine. Elle va sauver quelques emplois dans l'acier mais en détruire des tas dans l'automobile et la machinerie. Et ce motif utilisé de la sécurité nationale est ridicule, surtout avec les Européens. Comme si les Américains et les Européens étaient à la veille d'une guerre militaire. C'est grotesque, c'est du Trump.

Ce protectionnisme, George Bush avait déjà tenté de le mettre en place au début des années 2000 et cela s'était retourné contre lui. Cela peut-il se reproduire ?

Exactement et au bout d'un an il avait mis fin à ces mesures car elles avaient provoqué un tollé à l'intérieur de l'économie américaine, et il avait été condamné par l'OMC. D'ailleurs à l'époque l'Europe avait réagi, de même qu'elle réagit aujourd'hui fermement. Il n'y a aucune raison de laisser cette stupidité prospérer. Et pas que l'Europe. Parlez aux Brésiliens, aux Chinois, aux Indiens, aux Égyptiens ou aux Sud-Africains, ils vont tous vous dire la même chose.

Donald Trump pourrait-il aller au bout de sa démarche ?

Pas sûr, parce que l'essentiel maintenant va se jouer à l'intérieur des États-Unis. Une centaine de parlementaires républicains ont écrit pour dire "Hey, ho, doucement". Son principal conseiller économique, le seul considéré comme raisonnable, Gary Cohn, a claqué la porte méchamment. Il est bon que les autres pays fassent pression, mais je pense qu'assez vite, les Américains vont se rendre compte que Donald Trump marque des buts contre son camp. Il se sert de la sécurité nationale pour court-circuiter le Parlement. Mais, aux États-Unis, le président n'est pas tout-puissant, il y a des procédures. Je pense qu'il va y avoir des réactions au sein des États-Unis.

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