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Présidentielle américaine : en Floride, mobilisation pour convaincre les Latinos, électorat-clé

J-1 avant le D-Day aux États-Unis et, à la veille de l’élection présidentielle américaine, le monde entier a les yeux rivés sur la Floride, un Etat qui pourrait faire pencher la balance. Ici, les candidats veulent séduire les électeurs latinos. 

Article rédigé par Alice Serrano, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les membres de l'association "My Familia Vota" font du porte-à-porte à Orlando  (RHONA WISE / AFP)

A Orlando, dans le centre de la Floride état clé dans la course à la présidence, les candidats, Donald Trump et Hillary Clinton ont besoin du vote des latinos. Et pour inciter la communauté hispanique à voter les équipes de "Mi Familia Vota" font du porte-à-porte depuis plusieurs semaines. Ce jour-là, Estrella, une militante de l'association tente de convaincre les électeurs d'aller voter avec quatre collègues. En voiture, elle arpente la cité dortoir. "Nous sommes à Pine-Castle. Ici c’est la classe moyenne inférieure mais les gens travaillent" explique Estrella. Un Ipad à la main, et vêtue d’un tee-shirt bleu et blanc siglé sur le dos, elle a quatre heures pour frapper à la porte de 60 appartements, dans ces lotissements plutôt vétustes. La mission de cette sexagénaire énergique, originaire du Venezuela n’est pas simple : "Si vous ne criez pas leur nom, ils n'ouvrent pas la porte" raconte Estrella. 

Le vote des latinos de Floride : un enjeu majeur dans l'élection. Le reportage d'Alice Serrano

Aux habitants de la cité dortoir d'Orlando, elle pose toujours la même question. "Allez-vous participer à cette élection ?"  Et elle enchaîne :"Vous allez voter par mail, par vote anticipé ou le jour de l’élection ?"

Estrella, militante de Mi Famiglia vota avec Georges, un Portoricain votant en Floride  (Alice Serrano / RADIO FRANCE)

Elle inscrit ensuite consciencieusement les réponses des personnes interrogées sur sa tablette, des réponses qui seront ensuite étudiées de près. Et pour cette délicate mission, elle perçoit quinze dollars de l'heure, un bon salaire à Orlando.

Estralla frappe à la porte de Ronald et elle n’a pas besoin de le convaincre. Hors de question de s’abstenir pour ce Portoricain : "C’est important d’aller voter ! Comment peux-tu ensuite te plaindre de ce qui se passe dans ce pays si tu ne prends pas cinq minutes pour aller voter !" La voix de Ronald compte car il est Portoricain. A ce titre, il bénéficie du statut particulier de citoyen américain, comme un million de ses compatriotes qui ont afflué près d’Orlando ces dernières années, fuyant la crise économique qui touche leur pays. 

On dit souvent un vote, une voix ! A la fin tu fais entendre ta voix et tu réalises que ce que tu as fait est important

Ronald, portoricain de Floride

Les candidats "draguent" les portoricains

En Floride, les Portoricains représentent 1/6ème des électeurs. Dans celui qu'on appelle le "Sunshine State", l'électorat latino est donc particulièrement courtisé par Hillary Clinton et Donald Trump. Estéban Garces, président de "Mi Familia Vota", souligne que "les Cubains représentaient plus de 40% du vote latino ici en Floride, maintenant ils sont descendus à 32%." Et il ajoute :  "Dans le même temps, le vote portoricain a augmenté. Il représente aujourd’hui 27% du vote latino en Floride."

On assiste à un tournant aujourd’hui, où on a davantage de portoricains inscrits sur les listes électorales que de cubains.

Estéban Garces

Une grande partie de l’électorat portoricain veut faire barrage à Trump

Entre Trump et Hillary les latinos semblent avoir fait leur choix !  "Je vous préviens, tous, je vais voter pour Hillary !" scande Maria, cette mère au foyer portoricaine qui a Trump en horreur. 

Trump est fou ! Je n’aime pas la manière dont il parle des hispaniques.

Maria, portoricaine de Floride

Les propos de Donal Trump en début de campagne qui qualifiait les Mexicains de "violeurs et de criminels" ont fait des ravages auprès de la communauté portoricaine. Et même au près des plus conservateurs comme Georges le voisin de Maria. Cet électricien de 52 ans, pourtant républicain, raconte : "Je suis définitivement contre Trump. Il a dit tellement de choses horribles et je ne lui fais pas confiance. Il perd son sang-froid facilement. Je ne veux pas que sur un coup de tête il nous engage dans une guerre." Et George précise qu'"en fait, il est favorable à Gary Johnson mais je ne veux tellement pas que Trump gagne que je vais voter Clinton".

Les latinos de Floride électorat-clé pour les candidats

Ce pouvoir électoral qu’ont les latinos en Floride est inédit selon Estéban, le président de "Mi Familia Vota". Le centre de la Floride est en effet devenu clé "car c’est une région charnière, dans un état charnière, un swing state. Et les latinos sont nombreux ici, donc ça nous met en position de force. On va décider comment va voter le centre de la Floride, qui va décider du vainqueur de l’état. Et ensuite, la Floride va désigner le prochain locataire de la Maison Blanche."

Et le message de l’association est, en général, bien perçu. Selon Estrella "la plupart nous disent qu’ils vont aller voter, c’est positif ! La plupart des gens ont conscience que c’est important. Cette année est vraiment cruciale, nous avons bien travaillé je pense." Beaucoup d’hispaniques ont déjà voté, comme la moitié des électeurs de la Floride d’ailleurs. La dernière mission d’Estrella sera de recueillir les plaintes en cas d’irrégularités dans les bureaux de vote ! Et "Mi Famila Vota" propose même un service de transport pour ceux qui n’ont pas les moyens de déplacer jusque dans les bureaux de vote. 

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