Pour la première fois depuis 40 ans, le "Washington Post" ne soutient pas de candidat à l'élection présidentielle américaine

Cette décision suscite l'émoi en interne. Certains y voient la main d'un homme, le propriétaire du journal : le milliardaire Jeff Bezos.
Article rédigé par franceinfo
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La façade d'entrée du journal "The Washington Post", à Washington (Etats-Unis), le 16 mai 2019. (ERIC BARADAT / AFP)

A chaque élection présidentielle, le grand quotidien américain avait pour habitude de prendre position en faveur d'un candidat. Mais cette année, et pour la première fois depuis 40 ans, pas d'"endorsement" pour le "WaPo". Ni pour la démocrate Kamala Harris, ni pour le républicain Donald Trump. "Le Washington Post ne soutiendra aucun candidat à la présidentielle lors de cette élection, ni lors d'aucune autre élection présidentielle à venir", a déclaré Will Lewis, le directeur général du journal, dans un communiqué publié sur le site du média, vendredi 25 octobre. Nous revenons à nos racines qui consistent à ne pas soutenir de candidats à la présidentielle."

"Nous sommes conscients que cela sera interprété de différentes manières, comme le soutien tacite d'un candidat ou bien la condamnation d'un autre, ou comme un renoncement à nos responsabilités. C'est inévitable", précise William Lewis. Ce dernier explique que la mission du Washington Post est de proposer "une information non partisane".

"Ceci est de la lâcheté"

Cette décision a suscité une indignation générale parmi le personnel du journal. "De nombreux membres du comité de rédaction sont surpris et en colère", s'est ému un salarié cité par la chaîne américaine CNND'après le magazine destiné aux journalistes Columbia Journalism Review, "deux membres du conseil d'administration du 'Post', Charles Lane et Stephen W. Stromberg, ont travaillé sur des ébauches d'un projet de soutien à Harris".

La décision de ne pas prendre position viendrait tout simplement du propriétaire du journal : Jeff Bezos. "La décision de ne plus publier les lettres de soutien à Harris a été prise par le propriétaire du Post, le fondateur d'Amazon Jeff Bezos, selon quatre personnes informées de la décision", peut-on lire dans un article du... Washington Post.

Marty Baron, ancien directeur exécutif du journal, a vivement réagi sur X. "Ceci est de la lâcheté, dont la victime est la démocratie. Donald Trump verra cela comme un encouragement à intimider davantage Jeff Bezos (et d'autres)", écrit-il. Le quotidien avait soutenu Joe Biden en 2020 et Hillary Clinton en 2016, à chaque fois face à Donald Trump.

Une crise similaire au "Los Angeles Times"

Plus tôt cette semaine, Patrick Soon-Shiong, le milliardaire propriétaire du Los Angeles Times, a également bloqué la publication d’un éditorial en soutien à Kamala Harris. Cette décision a provoqué la démission de plusieurs figures du journal, dont la rédactrice en chef des pages éditoriales, Mariel Garza. "Cela nous fait apparaître lâches et hypocrites, peut-être même un peu sexistes et racistes", a-t-elle réagi dans sa lettre de démission, publiée par la Columbia Journalism Review

Patrick Soon-Shiong a tenté de se justifier. "Je crois que ma peur, c'est qu’en choisissant l'un des deux candidats, on ne ferait qu'ajouter à la division", a-t-il confié à Spectrum News. Tout comme le "Post", le Los Angeles Times avait soutenu Joe Biden et Hillary Clinton lors des deux dernières élections présidentielles. "Donald Trump serait une catastrophe", écrivait il y a huit ans le journal californien.

Au même moment, le Philadelphia Inquirer et le Houston Chronicle ont, eux, officiellement apporté leur soutien à Kamala Harris. "L'Amérique mérite bien plus qu’un aspirant autocrate qui ignore la loi, se présente pour éviter la prison et ne se soucie de personne d'autre que de lui-même", a écrit le comité de rédaction de l'Inquirer.

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