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Présidentielle américaine : Gary Johnson, le libertarien qui pourrait séduire les anti-Trump

Cet ancien gouverneur républicain a été investi candidat à la Maison Blanche par le parti libertarien, défenseur des libertés individuelles. Certains sondages le créditent de 10% des intentions de vote face à Donald Trump et Hillary Clinton.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'ancien gouverneur du Nouveau Mexique, Gary Johnson, candidat libertarien à la Maison Blanche, lors de la convention du parti à Orlando (Etats-Unis), le 27 mai 2016. (JOHN RAOUX / AP / SIPA)

C'est aux côtés de ninjas, de hobbits ou de stormtroopers que Gary Johnson a été adoubé, dimanche 29 mai : l'ancien gouverneur du Nouveau Mexique a été investi candidat libertarien à la présidentielle américaine. Des semaines avant les démocrates et les républicains, le "petit" parti tenait sa grande convention à Orlando, en Floride, dans un hôtel où avait lieu, au même moment, un rassemblement d'amateurs de comics.

A gauche toute, l'écologiste Jill Stein se tient déjà prête à rallier à sa cause les partisans du démocrate Bernie Sanders, pas tous enclins à glisser un bulletin Hillary Clinton dans l'urne. Et si Gary Johnson, lui, "siphonnait" les voix de Donald Trump, s'interroge Politico (en anglais) ?

Un ticket composé d'anciens républicains

Ancien républicain lui-même, il offre aux allergiques au milliardaire le profil d'un homme expérimenté. Businessman, il a fait fortune dans le bâtiment, avant de devenir un populaire gouverneur du Nouveau Mexique, élu à deux reprises entre 1994 et 2003, résume le Wall Street Journal (en anglais). A ses côtés, candidat à la vice-présidence, Bill Weld est la figure d'un républicain modéré, libéral sur l'avortement, les questions LGBT ou les armes à feu. Il a été élu à deux reprises gouverneur dans un Etat à tendance démocrate, le Massachusetts, ajoute le quotidien. Il a, en plus, l'avantage de s'y connaître en collecte de fonds, une compétence jamais inutile dans une campagne présidentielle outre-Atlantique.

Les deux hommes ont eu fort à faire pour convaincre au sein des libertariens, pas toujours habitués à leurs discours. Gary Johnson a été hué à plusieurs reprises durant un débat samedi, raconte Politico : il a, par exemple, considéré que le gouvernement était légitime pour délivrer des permis de conduire, quand d'autres les jugent carrément inutiles. Il faut dire que, comme son nom l'indique, le parti libertarien, qui revendique plus de 400 000 électeurs affiliés, défend la liberté individuelle à tout prix. Ou presque.

Le "meilleur" des démocrates et des républicains

"Chacun a le droit à la poursuite du bonheur, à condition de ne pas empiéter sur les libertés des autres, explique Nicholas Sarwark, le patron du parti, interrogé par francetv info. Nous défendons une large liberté de choix. Le choix de consommer les substances que vous voulez, le choix de dépenser votre argent comme vous le souhaitez, le choix de vous défendre avec une arme, le choix de vous marier avec qui vous voulez. Aussi longtemps que vous ne faites pas de mal à autrui."

"Je crois dans un monde où les couples homosexuels mariés peuvent défendre leurs champs de cannabis avec des mitraillettes", résume Austin Petersen, candidat malheureux à l'investiture libertarienne, cité par MSNBC (en anglais). Sur NPR (en anglais), Gary Johnson se montre moins imagé. A l'entendre, les libertariens proposeraient tout simplement le "meilleur des démocrates" avec "la liberté et le droit de chacun de prendre des décisions concernant sa propre vie", et le meilleur des républicains avec le principe d'un "gouvernement réduit".

Je pense que la plupart des gens dans ce pays sont libertariens, ils ne le savent juste pas.

Gary Johnson, candidat libertarien à la Maison Blanche

cité par le "Wall Street Journal"

Sur son site de campagne, il promet, s'il est élu, de ne valider qu'un budget à l'équilibre. De remettre à plat le système fiscal, en instaurant à la place une grande taxe sur la consommation, plutôt qu'une multitude d'impôts. De lutter contre la surveillance de la NSA, l'agence de renseignement américaine. Ou encore de faciliter l'entrée légale sur le sol des Etats-Unis, notamment en simplifiant le système des visas de travail. 

Des sondages plutôt positifs

Gary Johnson et Bill Weld ont tout à gagner cette année : le contexte politique a rarement été aussi positif pour une candidature alternative. Car les deux grands partis se préparent à investir des candidats très impopulaires : 54% des Américains ont une opinion négative de Hillary Clinton, 58% de Donald Trump, à en croire un récent sondage diffusé par NBC (en anglais). Dans ces conditions, 47% des électeurs se disent prêts à considérer un autre choix.

Cette saison électorale folle et dingue pourrait devenir une opportunité unique.

Channing Brown, délégué à la convention libertarienne

au "Wall Street Journal"

Déjà candidat en 2012, face à Barack Obama et Mitt Romney, Gary Johnson avait obtenu un peu moins de 1% des voix. "On fera mieux cette année vu les horribles candidats en face, promettait dès février Nicholas Sarwark à francetv info. Ce que les Américains doivent accepter, c'est qu'Hillary Clinton et Donald Trump sont en adéquation avec leurs partis. Elle est dans la poche de Wall Street ? Oui, mais comme le parti démocrate. Il base sa campagne sur la peur et la haine ? Oui, mais c'est ce que fait le parti républicain."

Certaines études créditent déjà Gary Johnson de 10% des intentions de vote. Si cela se confirmait, il obtiendrait ainsi le plus gros score jamais atteint par un "petit" candidat depuis 1992 et l'indépendant Ross Perot. Suffisant pour sérieusement perturber la bataille entre démocrates et républicains. En attendant novembre, il doit déjà dépasser le seuil de 15% dans les sondages au niveau national pour se qualifier pour les débats de l'automne. S'il y parvient, il a déjà promis une chose : embrasser Donald Trump sur la joue. "Je suis sérieux, confie-t-il à Politico. C'est le geste le plus désarmant qui soit. Traiter la brute avec amour."

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